[BG] L'éveil de Zod

Exorde


Humilié, Tourmenté, Torturé, Écorché
.. Et laissé pour mort.
Tout ça au nom de la curiosité et d’une quête de connaissance.

Il avait dévoué sa vie à parcourir le monde à la recherche de réponses à des questions qui n’avaient pas encore été posées. Il était un amalgame d’érudit, d’inventeur et d’explorateur.
Créant des relations avec des peuples jusqu’à ce jour hostiles, mangeant à leur table, découvrant leurs coutumes et histoires. Partageant des notions inconnues entre les civilisations, dans le seul but de rendre ce monde un peu moins dur.

Tisser des liens jusqu’à présent inexistants…

Un visage amical pour chaque inconnu qui croisait sa route, jamais une intention malveillante envers quiconque. Toujours prêt à prêter son savoir avec celui qui en avait besoin ou qui lui tendait la main. Il avait convaincu un érudit de chaque peuple d’écrire un ouvrage pour les enfants d’une civilisation ennemie.

C’est, entre autres, ce qui causa sa perte…

Certes, il avait essuyé plusieurs revers lors de ses aventures et avait été menacé plus souvent qu’à son tour à la pointe d’un couteau pendant ses voyages. Il s’en sortait toujours ! Notre ami avait un don pour les négociations : un cadeau, une histoire ou parfois, à son grand dam, sa bourse… hé oui. Tous n’étaient pas enclins à la discussion.

Contre toute attente, ce n’est pas dans ses aventures qui lui arriva le plus grand malheur, mais chez lui, parmi les siens. Dans certaines régions du monde, il était un grand savant et pour d’autres un explorateur en quête perpétuelle. Chez lui, et pendant son absence, des rumeurs avaient malheureusement éclos comme quoi ses voyages avaient un dessein plus sombre. De mauvaises langues lui prêtaient de viles intentions et le bouche à oreille fût de lui un traître à la solde de manigances  ennemies.


Son dernier voyage consistait à en apprendre sur les croyances du monde entier, en évitant les quelques tribus anthropophages bien-sûr. De toute façon les jungles épaisses et hostiles comportaient un trop grand risque car il faisait souvent cavalier seul.

Comme dernier arrêt avant son retour, il eut la chance d’être témoin d’une célébration à Luk’Maar ou plusieurs de ses résidents Gorlaks s’adonnaient à des épreuves de forces à mains nues sous le rythme des tambours et cris d’encouragement. Par chance, il avait partagé des ouvrages sur la guérison ainsi que des herbages médicinaux avec un chaman Gorlak. Ce qui lui permit d’assister à un grand sacrifice de bestiaux pour leur dieu guerrier, Tork.

Lors d’un rituel chamanique, on partagea avec lui l’insigne d’un phœnix. Lui  permettant de l’ajouter aux croquis représentant le symbole associé aux autres dieux des nations qu’il avait visitées.
On le reconduit en terre neutre, puis notre bien aimé explorateur repris sa route vers chez soi.

Domus

Le grand retour…

Après plusieurs jours de voyage, il y arriva enfin. Les portes de la cité qu’il adorait se dressaient devant lui. Mais quelque chose clochait…
L’ambiance y était différente.
Les chants et les danses autour de feux de joie habituels n’y étaient pas. Aucun accueil comme à ses derniers retours où les gens ne pouvaient attendre le lendemain pour écouter les récits de ses dernières aventures.
Il  se faisait tard, les questionnements pouvaient attendre au lever du jour. De plus, un bon bain chaud allait lui faire le plus grand bien et ses pieds avaient besoin de repos après toute cette marche.
À peine immergé, il ferma les yeux et le soleil ne se leva plus jamais sur lui.

Un réveil brutal…

Un craquement dans la pénombre et notre héro ouvrit les yeux pour apercevoir une silhouette familière. On lui expliqua que la cité était sous le joug d’une nouvelle duchesse depuis peu et que des rumeurs circulaient à son sujet comme quoi il s’acoquinait avec les nations ennemies et leur fournissait des informations sensibles.
À peine réveillé, il sorti de l’eau toujours tiède de son bain pour prendre la fuite et ne jamais revenir.
Hélas on l’attendait de pied ferme à la sortie de la cité.
La fin…

À peine ses esprits revenus suite à  la bastonnade dont il avait été la cible, ses pieds meurtris tentaient de freiner l’élan des assaillants qui le traînaient en direction de son foyer où des formes obscures l’attendaient sous la lueur de quelques torches.

On fouillait sa demeure
Pillait ses recherches et écrits.
On le dépouillait de ses trouvailles, ses créations.

Son ami gisait, le regard dénué de toute vie dans une mare humide et pourpre.
Un des étrangers à la voix féminine ordonna à ce qu’on vide son sac de voyage sur la table de bois qui prenait place au centre du bureau de recherche. Plusieurs runes représentant les déités vénérées par les divers peuples de Terra et un grand livre à la reliure grise estampée à froid affichant une armoirie bien connue jadis. Un sort mineur empêchait quiconque de l’ouvrir, c’est donc sous les coups, lacérations et techniques de torture multiples qu’on réussit à lui soutirer le mot permettant de suspendre momentanément l’enchantement.

Ce manuscrit décrivait diverses cultures, leurs secrets et débordait d’information des plus intéressantes pour l’être curieux, mais dangereuse pour l’assoiffé de pouvoir. L’outil parfait pour créer de la zizanie.
La voix stridente qui commençait à devenir horriblement familière poussa des cris de satisfaction et exigea qu’on apporte le malheureux vers ce qu’il comprit, allait être sa dernière demeure.

D’étranges artefacts…

Dans un dernier effort de s’en sortir, le condamné tenta d’agripper le premier objet à sa portée. Sur la table devant lui se trouvaient plusieurs objets, qu’il avait récupérés lors de son dernier voyage. Aveuglé et le visage tuméfié, il mit la main sur une petite pierre à peine aussi grand que la paume de la main et qui ne lui servirait qu’à très peu de chose dans sa quête pour retrouver sa liberté.
Il la tenait tout de même de toutes ses forces, s’y accrochant comme il s’accrochait toujours à la vie.
Un coup violent au visage mis fin à ses derniers efforts et ce qui pour lui représentait le dernier symbole  d’espoir, tomba au sol. Une fine plaquette de sardoine affichant subtilement un crâne en relief gravé grâce aux vacillements des flammes éclairant la scène.


Vous y tenez? Alors gardez là…


L’ombre fine qui se dressait devant lui s’abaissa assez pour devenir perceptible, une femme aux traits aussi nobles que vils. Un regard dur et une chevelure noire de jais. Elle ramassa le caillou brunâtre sans valeur à ses yeux et demanda à ses complices qu’on force la mâchoire du martyr.
Bâillonné et avec un goût ferreux en bouche, on  lui fit traversé les portes de ce qui était autrefois une citée resplendissante et avant-gardiste sans qu’un seul de ses orteils ensanglantés ne touche le sol.

Exil

C’est ligoté et contre son gré, que le voyageur entrepris un dernier périple. On l’apportait derrière la cité. L’atmosphère y était lourde et l’air nauséabond agressait ce qui lui restait des nasaux. C’est aux abords d’une fausse odorante qu’on le traîna.

La décharge du caniveau…

Était-ce vraiment ici que l’aventure allait se terminer? Après toutes ses découvertes, les services rendus, ces amitiés inhabituelles forgées. Seul et trahi, dans un dernier bouillon où la populace se libérait de son lest?
Oui…

J’ai peur, J’ai mal et il y fait si froid…

La caresse

Abandonné à ses rêveries depuis si longtemps dans la froideur des abysses, notre ami fut dérangé pour une rare fois par un mouvement dans la fausse qui lui servait de tombeau. Possiblement le seul endroit où nul n’aurait pensé, ou osé, le chercher. Étrangement, il y avait eu quelques visiteurs ces dernières années.
Des visiteurs qui restaient…

Un doux murmure et des paroles rassurantes à son oreille. Le long chant du cor retenti ainsi qu’une longue et chaude étreinte paternelle. Il senti ses liens relâcher un peu leur emprise sur son corps. Il se sentait bouger vers ce qui devait logiquement être le haut, vers la surface. L’air pris la place de l’eau dans ses poumons et la lumières du soleil toucha sa peau pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité.