[BG] Nasreen El'Khatereh

Messages : 71 Date d'inscription : 23/03/2018

Le chemin du retour fut remplis d'obstacle. Derna devait sans nul doute être de la partie. La saison avait été aride, les serpents plus agressif que jamais, le vent vicieux déchaînant des tempêtes de sable, leur faisant perdre temps et repaire, épuisant prématurément leur réserve de nourriture et d'eau. Il regarda le sol craquelé devant lui, vestige d'un coin de paradis repris des dieux. Il avait imposé une cadence épuisante à son clan dans l’espoir d’une gorgée d’eau. Le roi soleil leur avait-il finalement tourné le dos ? Il entendait dans son dos le désespoir de son clan. Tué leur dernier cheval ne suffirait plus.

Ils montèrent leur campement dans un silence lourd, même les enfants ne jouaient plus. Il se tourna vers le soleil couchant pour lui adresser ses prières, souhaitant que ce ne soit pas la dernière… C'est alors qu'il vit dans son champ de vision une petite fille, courant dans cette crevasse ridé. Il entrouvrit la bouche pour la rappeler, mais il n'en fit rien. Il la regarda plutôt s'agenouiller et creuser de ses petites mains. Il y vit un geste de désespoir qui lui brisa le coeur. Ils avaient tous faim et encore plus soif. Il s'avança vers elle pour mieux la consoler. Son coeur se serra encore plus quand il réalisa que le point de non retour approchait, le moment où il offrirait à la petite ainsi que les autres un repos éternel pour leur épargner plus de souffrance. Ces noirs pensés ne l'avait pas préparé à ce qu'il vit.

Avant qu'il n'ait le temps de la soulever, la fillette se mit à crier. Il ne réalisa pas tout de suite qu'il s'agissait d'un crie de joie. L’eau sortait de ces fissure à la terre retourné, comme si elle avait retiré le bouchon. Bientôt tout le clan était autour du trou pour l'agrandir et récupérer cette eau béni.

Cela fut le premier "miracle" qui entoura l'existence de la jeune Nasreen.

Messages : 71 Date d'inscription : 23/03/2018

10 ans plus tard.

La nuit est propice à la réflexion. Il n’est plus question de survit, ce qu’on découvre au prochain tournant, à la prochaine dune. Je sens le sable fuire à chacun de mes pas, jusqu'à ce que le sol autour de l’oasis s'affermisse. Les rayons lunaires me permettent de trouver mon chemin jusqu’à un endroit où m'asseoir. Véridia… Elle symbolise la justice, la vérité et la force de faire les choix difficiles.

Mon clan ne comprend pas ma soif d’apprendre ce genre de chose, de trouver des réponses aux questions qui tourne dans ma tête. Mais j’ai apprise à ne pas poser ces questions à voix haute : elles dérangent, attire des regards de peur sur moi. Je suis peut-être jeune, mais je sais bien que la peur est mauvaise conseillère.

Une douce caresse sur ma cheville me sort de mes pensés et je tends la main pour mieux souhaiter la bienvenue à mon visiteur. Ce dernier s’enroula autour de mon bras pour mieux capter la chaleur et trouver un replis de ma robe. Voila autre chose que j’ai apprise à cacher...Lorsque j’etait encore petite, je fut si contente de présenter mon nouvel ami à ma famille. Ce fut la panique : On l’arracha à moi et ce fut les cris, les coups et le sang. Moi aussi j’ai eu droit à mon lot de coups, pour mieux comprendre le danger m’ont-ils dit. Pour apprendre, j’ai appris, appris de ne plus leur présenter ces amis différents, de ne plus faire de commentaire sur l’humeur du désert ou bien leur indiquer la direction d’une source.

Maintenant, je garde mes intuitions pour moi ou du moins, je tente de les faire passer à l’aide de fait, d’explication. Ce soir encore, je sens réagir ma peau à la caresse de Véridia. Cherche t’elle à me dire quelque chose ? Mon clan vie beaucoup de changement. Mon cousin succède à mon cher oncle et affiche son autorité de toutes les façons qu’il peut. Je vois dans sa façon d’agir la précipitation et la peur enrobés dans de la dureté et même parfois de cruauté. Je le sais parce qu’il n’a jamais agi autrement avec moi.

J’entend une musique au loin, par delà les dunes. Non pas celui d’un instrument mais celui du vent dansant avec le sable, des créatures de la nuit. Sans plus me poser de question, je laisse mes pas me guider vers ce qui sera mon Kas-Wan, rite de passage d’un enfant à sa vie d’adulte, affronté seul et sans rien le désert pendant plusieurs lunes. Dans mon clan, on s’attend que le rite de passage d’une femme soit son mariage, mais pour moi, ce n’est pas ma destiné.

Messages : 71 Date d'inscription : 23/03/2018

3 ans plus tard

Concentrer à traduire une suite de symbole d’un ancien parchemin, je n’entendis que trop tard le raclement de pas sur le sol. D’un geste d’expérience à cacher mes méfaits, je repoussa le vieux parchemin sous d’autres en feignant de poursuivre la copie d’un livre d’apprentissage.

- Nasreen, suis-je trop sévère avec toi pour que tu te sentes dans l’obligation de travailler dans de tel condition ? La raison ne t’a donc pas apprise que le sommeil est nécessaire pour garder un esprit vif et une main légère ?

Pour dire vrai, il ne l’était pas suffisamment. M’ayant accepté en apprentissage en raison de son amitié avec mon défunt père et sans doute par pitié, il n’avait aucune attente envers cette jeune fille illuminée qui préférait la compagnie de vieux livre plutôt que de belle étoffe et d’une famille nombreuse. Mon vieux maître me prit des mains mon travail pour mieux le critiquer.

-D’ailleurs, que fais-tu dans cette partie de la bibliothèque, tu n’es pas sans savoir qu’elle est dédié aux illustres Vizir… tu ne devrais même pas être ici… encore moins consulter ces ouvrages.

Son oeillade suggestive m’apprit que je n’avais pas été assez rapide. Je me mordis alors la lèvre sans pour autant nier les faits, uniquement pour contenir ma frustration croissante.

-Mais comment puis-je comprendre et apprendre d’avantage quand on m’interdit de m’instruire ? Comment offrir un bon service quand je ne comprend pas ce que je transcrits ? Comment pourrais-je d…

Non, je ne devais pas aller trop loins, je ne devais pas trop en dire sur mes aspirations. Je connaissais les limites de mon maître sur mes excentricités pour ne pas pousser la note, je sentais même que je les avais dépassé cette fois ci. Il était trop vieux pour changer son regard sur le rôle des femmes. Mais je ne suis pas ingrate, je suis même reconnaissante du peu qu’il m’ait appris dans mon rôle d'érudit.

Il n’y avait pas de place à l’erreur. Je devais être prête pour me présenter au clan Vizir. Si mon sexe aurait été autre, surement que tout jeune on m’aurait offert à ce clan avec fierté pour développer cette disposition au mystère. Mon chemin était autre, mais pas mauvais pour autant. Notre histoire ne racontait pas justement que les épreuves de Derna faisait de nous un peuple fort ? J’acceptais alors le mien.

Le désert m’appelait toujours autant, particulièrement à cette instant d’ailleur, ce qui lui inspira ces prochaines mots.

- Je ne peux être plus reconnaissante de la place que vous m’avez offert. Le moment est venu pour moi de poursuivre mon apprentissage de scribe sur les routes, je terminerai les tâches que vous m’avez confié et si vous le permettez, je débuterai ma prochaine vie…