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 Veines exsangues d’or et d’argent

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Erwissen, Kardar

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MessageSujet: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyDim 3 Mai - 13:58



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Prologue : au crépuscule d’un devenir

Dans le miroitement rougeoyant d’un crépuscule mourant voguaient les pensées d’une âme morose, à peine troublée par le métal hurlant des forges et l’entrechoquement des bières d’une taverne voisine. Les préoccupations de cet étrange personnage regorgeaient de réflexions complexes qui l’éloignaient des enseignements de son tuteur. « N’oublie jamais de vivre. Nos plus grands malheurs forgent les marches de notre ascension, réjouis-t-en ! »

Pourtant, ce soir, Erwissen ne trouvait pas goût à la vie, à la chair, à la bière ou à tous les projets auxquels il pensait se destiner. Le goût âpre du tabac qu’il exhalait était comparable à la profondeur des sentiments qu’il éprouvait en ce deuxième anniversaire.

Je t’entends toujours, Pilgrim… marmonna-t-il en retirant la pipe de ses lèvres. Mais sans toi, j’suis perdu. J’fais quoi, mon ami ?

Le visage tavelé du Kardar quitta le ciel et se détourna vers sa main gauche qui se comprimait en un poing. Ce qu’il y cachait parvenait à cristalliser ses angoisses, ses rêves, sa honte, sa fierté ; et par-dessus tout, ses origines. Il entrouvrit quelques doigts pour laisser glisser la chaînette du pendentif qu’il souleva de quelques centimètres. Les deux engrenages d’or et d’argent, fusionnés, tournoyaient lentement et laissaient apparaitre, à leur dos, deux lettres gravées : « K. L. »

« J’aurais dû l’jeter dans une forge ! » avait lâché Pilgrim, de nombreuses années auparavant lorsqu’Erwissen le découvrit dans la chambre de son tuteur. « Tu connais trop bien la promesse qu’j’ai fait à tes parents. Alors rends-moi c’te breloque, qu’on en parle plus. »

Mais le jeune Erwissen s’y refusa obstinément, les yeux gorgés de larme, incendiant son mentor d’insultes faisant de multiples outrages à Bolbec. Il n’avait que la force de ses mots pour que celui-ci réalise tout l’importance de ce dernier lien à sa famille. Fervent membre du clergé, Pilgrim fulminait et pesta contre cet impertinent qu’on avait mis dans ses pattes.

« Cesse d’faire ta tête de pioche et rends-moi ça ! » ordonnait-il à plusieurs reprises tout en cherchant à empêcher le jeune Kardar de fuir de la pièce.

« JAMAIS ! » beuglait l’adolescent enlarmé. « T’es pas mon père, pis c’est tout c’qui reste d’ma mère ! T’as pas le droit de me l’enl’ver toi aussi ! »

L’attitude hostile de Pilgrim changea à ces mots et la colère s’estompa. Une profonde tristesse emplissait son regard et il approcha d’Erwissen.

« Laisse-moi tranquille » chialait celui-ci avant de s’effondrer en sanglot lorsque les bras de Pilgrim l’entourèrent pour le réconforter. « Z’avaient pas l’droit… »

La main velue de l’homme de Foi caressa les cheveux hirsutes du jeune kardar pendant que celui-ci crachait le venin de son passé. Il chercha quelques instants les mots justes afin de l’aider dans cette épreuve, des mots qu’Erwissen pouvait encore réciter aujourd’hui, deux après le décès de son tuteur.

Sois fort, sois brave, nourris-toi d’tes larmes pour forger tes rêves. évoqua-t-il en rangeant le pendentif dans sa besace. Mais n’oublie jamais d’où t’viens, sois-en fier !


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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyLun 4 Mai - 10:06


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De l'or au bout des doigts

— KELTRIP LAGERDORF, TON DOIGT !

Surpris dans de très profondes fouilles nasales, le jeune Kardar de 8 ans extirpa aussitôt son doigt et le contenu nasal qui s'y était aggloméré. Au regard répugné de sa mère, il réalisa immédiatement sa bêtise et l'essuya sur sa belle chemise.

— Mais utilises un mouchoir, bougre d'âne ! s'emporta Gertrud, la mère de Keltrip en se précipitant vers lui avec un tissu brodé. T'es 'core en train d'salir tes beaux habits avant la messe. Tu veux qu'on passes pour quoi d'vant Bolbec ?

Le gamin entrouvrit et referma la bouche, balbutiant quelques mots sans former de véritable phrase. Il avait beau se rendre souvent - de force - à la messe, il avait bien plus de raisons de craindre la poigne de sa mère que les foudres du Grand Architecte. Et il faisait bien de se taire, car Gertrud ne se contenta pas de lui donner un mouchoir et commença à frotter la chemise salie avant de renoncer.

— Eh Bé ! T'es bon pour t'changer. Allez, déshabille-toi, je reviens.

Keltrip ne tarda pas et s'exécuta aussitôt. Tout en déboutonnant sa chemise, un pendentif or et argent dépassa. Il ne s'y attarda pas, puisqu'on le lui faisait porter depuis sa naissance. Les deux rouages représentent l'union de Gertrud et Bolgur, son père, et portaient ses initiales : K. L.

Le lecteur averti aura bien évidemment fait le lien et compris que nous vivions, dans ce récit, un moment de l'enfance d'Erwissen. Et, pendant que le gamin enfile la nouvelle tenue tendue par sa mère, nous pourrions d'ores et déjà nous demandé ce qui a poussé un Kardar à se renommer. Rien ne permet de le deviner car tout, dans cette belle cuisine, démontre la réussite de cette famille.

Et pour cause ! La renommée de Bolgur Lagerdorf, le paternel, était présente dans la majorité des foyers de Kars grâce aux différentes inventions qui font le succès de son entreprise. Les plus fortunés jouissaient -  en ce moment - de la dernière de ses machine : "La regardeuse". Une étonnante machine qui projetait une surprenante image animée lorsqu'on ouvrait l'opercule et actionnait la manivelle. Nulle magie là-dedans, mais Bolgur gardait précieusement le secret de ses créations.  

Cette attitude exacerbait d'ailleurs de nombreuses personnes dont le paternel se moquait.« Une bande de branquignoles jaloux, comme toujours ! » avait-il rétorqué la dernière fois que l'oncle Angsvart aborda le sujet.

— Tout beau, tout propre. souffla Gertrud, rassurée, après avoir peigné la tignasse de son fils. Ton père ne d'vrait pas tarder, tu restes là. J'vais me faire belle pour Bolbec.

Keltrip s'était tû jusque-là et continuerait de la sorte. Il ne prenait vraiment plaisir qu'à parler avec son père. Il se pencha de sa chaise pour prendre un des livres rédigé par Bolgur, histoire de ne pas perdre son temps. L'ouvrage parlait d'énergies résiduelle, de cristaux et autres capacités étonnantes que le sol pouvait fournir au travers de ses gemmes et minéraux. Du haut de ses huit ans, le travail de son père le captivait - même s'il n'en comprenait pas grand chose.

A l'inverse, la voie dans laquelle s'est engagée Gertrud contribuait grandement à l'ennui du petit Keltrip. En effet, elle avait activement pris part à la vie politique de Kar. Une femme, en politique, avait quelque chose de surprenant déjà; mais ses revendications perturbaient un peu trop l'ordre établi. Octroyer le droit de vote aux femmes était une évidence, leur donner la chance d'être élues aussi, mais elle abordait désormais des questions d'argent qui dépassaient Keltrip et gênaient la majorité en place. Toutefois, elle avait les faveurs du Clergé Techno-Scientifique grâce à l'aura de son mari.

Et à ce propos...

— C'est moi que v'la !

Keltrip bondit de sa chaise

— PÔPAAAA ! lanca-t-il avec autant d'énergie qu'il utilisa pour sauter dans les bras de son père, enfouissant sa tête dans la barbe.

— Oy ! Oy ! Tu m'tires les poils !

— Ah, tu es là ! se réjouit Gertrud. C'tant mieux, j'suis prête. Tu as passé une bonne journée ?

Ils s'échangèrent quelques banalités tout en quittant le foyer, en direction du clergé où se déroulerait la messe. Comme souvent, l'inventivité de Bolgur ne manquerait pas d'être mise à l'honneur. Et bien que Gertrud se fasse des opposants dans le monde politique, la famille Lagerdorf ne craindrait rien grâce à l'image et le succès de Bolgur.




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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyMar 5 Mai - 12:39



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Une menace cristalline

Au marché de Kar s’échangeaient cris et bourses pleines pour acquérir les objets derniers cri ou marchander au rabais des matières premières que certains filous tentaient de vendre à prix d’or. L’effervescence gagnait en intensité plus on approchait de certaines échoppes comme la fameuse boutique tenue par la famille Grisepierre. S’il était déjà arrivé, à quelques occasions, que Bolgur Lagerdorf s’emporte au sujet de cette famille qui rivalisait également d’ingéniosité, il n’avait absolument pas le temps d’y penser ce jour-là.

Merd’ merd’ merdmerdmerd’ cogitait-il avec angoisse tout en martelant le sol de ses pieds pour rejoindre le plus rapidement possible l’atelier principal de son entreprise.

En courant, sa barbe lui revenait parfois dans le visage et il ne manqua pas de la coincer dans sa bouche afin qu’elle ne lui fasse pas perdre la moindre seconde. Car ce qu’il tenait dans sa main relevait d’une urgence impérieuse : un qwartz irridescant dont la lueur oscillait.

C’pas possible, c’paspossible !. Il craignait le pire.

Au bout de la place du marché, il bifurqua à droite et aperçu à quelques mètres de là un Kardar qui courrait dans sa direction avec un regard terrifié. Il s’agissait de Radazel, le plus jeune apprenti de son atelier, et ses collègues l’avaient certainement envoyé quérir le maître pour une situation qui les dépassait.

M’sieur Lager – hhh – lagerdorf – hhh ! s’enquit le jeune Kardar qui avait rejoint Bolgur. Nous avons – hhh – besoin de vous !

Radazel manqua de trébucher en voulant s’arrêter à ses côtés, mais Bolgur continua de courir en direction de l’atelier. En quelques secondes, le jeune Kardar parvint à le rattraper et se mettre à sa hauteur afin de lui donner quelques informations entrecoupées de respirations haletantes.

Les cristaux s’affolent – hhh – pis les freins éner – hhh – énergétiques – hhh – fonctionnent pas !

Bolbechiasse ! pesta Bolgur tandis qu’il atteignait les murs de l’atelier.

Une fumée ocre s’échappait de la cheminée et ne présageait rien de bon. Les portes, grandes ouvertes, il s’y engouffra à toute allure et grimpa l’escalier quatre à quatre. Les portes du laboratoire claquaient et les quelques Kardars se retournèrent. Les yeux révulsés de l’ingénieur et ses importants râles de respirations suffirent au Contremaître qui vint immédiatement lui expliquer la situation.

Le cœur des inventions de Bolgur résidait dans l’irradiation du Qwartz et l’énergisation de cristaux. L’activation de ces gemmes permettaient à de petits mécanismes de fonctionner, mais cette source d’énergie était également utilisée dans les plus grosses machines. Lors de ses expérimentations passées, il avait bien réalisé les dangers de cette méthode si cette technologie tombait entre de mauvaises mains. C’est pourquoi il avait élaboré un processus industriel qui permettait aux différents Qwartz de fonctionner sur la même résonance.

Le grand avantage de cette méthode, c’est qu’il suffisait d’avoir en sa possession le cristal à l’origine de cette résonance pour s’assurer de la stabilité énergétique.

Sauf que…

La Mutterstein s’emballe. confirmait le contremaître. Les cristaux s’foutent en résonance et la vibration augmente ! On a fait l’contre mesure, mais ça tourne sot. Pis même à la main ça marche pas !

Le pire était en jeu. La Mutterstein était le cristal gigantesque au cœur de la centrale d’irradiation qui permettait d’énergiser toutes les gemmes de ses inventions. S’ils ne parvenaient pas à réparer cela, toute son entreprise partirait en fumée.

Littéralement.





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Dernière édition par Erwissen, Kardar le Mer 6 Mai - 15:18, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyMer 6 Mai - 15:14



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Réaction en chaîne

Il faut stabiliser l’bouzin ! beugla Bolgur qui ne perdit pas un instant pour ouvrir le sas d’accès à l’intérieur de la centrale.

La situation représentait déjà un grand risque car la Mutterstein continuait d’augmenter en intensité sans s’arrêter. Le risque d’explosion ne concernait pas seulement l’entreprise et les ouvriers sur place, mais aussi toutes les machines qui fonctionnaient grâce à l’énergie cristalline de Bolgur.

En effet, toutes les gemmes énergisées par ce gigantesque cristal fonctionnaient en résonnance et tiraient leur capacités de celui-ci. Le fonctionnement était similaire à celui des machines à aimants dans laquelle une magnétite active pouvait redonner leur force à d’autres pierres.

C’est grâce à ce mécanisme que Bolgur parvenait à maîtriser la Mutterstein. Il exploitait des cristaux qui agissaient de façon opposée afin de freiner l’activité énergétique en cas de surcharge. Ces gemmes, ils les appelaient des contre-mesure et ils en avaient de très nombreux stocks.

Vous l’z’avez remplacé quand ? cracha Bolgur, les sourcils plissés de concentration en soulevant les pierres sensées absorber le surplus d’énergie. Parce que celles-là el’sont inertes. S’pas des contre-mesures actives

Deux fois aujourd’hui ! Elles march’pu !

S’t’impossible… ! souffla l’ingénieur en s’engageant complètement à l’intérieur du sas pour se retrouver au cœur de la centrale énergétique. Ram’nez moi une dizaine de contre-mesure

La Mutterstein continuait de rayonner et gagnait en intensité. Si Bolgur ne trouvait pas rapidement une solution, elle exploserait et entrainerait une réaction synergique avec les autres gemmes qu’elle avait énergisé. Pour les petites inventions, cela ne provoquerait qu’un pet mouillé ou un bruit de pétard – et les mécanismes ne fonctionneraient plus. Mais l’inquiétude du Kardar se portait sur sa dernière machine qui exploitait un qwartz assez volumineux.

V’la, chef ! apporta le contremaître.

Bolgur sortit la tête du sas. Les cheveux hérissés étaient parcourus de quelques arcs électriques jusqu’aux extrémités. Le Kardar mis un monocle grossissant et inspecta le cristal de contre-mesure. Quelque chose le frappa : c’était un faux. Sans un mot, il se leva d’un bond et se rua vers la pièce des stocks, soulevant les cristaux les uns après les autres.

Là aussi… Pis là… Pis lui aussi… Merd’ merd’ merd’ !.

Les ouvriers avaient cessé le travail et observaient la scène d’un regard très inquiet. Bolgur ne tarda pas à ressortir d’une pile de cristaux, les yeux écarquillés de panique et leur invectiva de quitter les lieux immédiatement. Ils lâchèrent tout et obéirent immédiatement à l’exception du contre-maître.

J’ai dit casse-toé ! beugla Bolgur qui se rendit dans une pièce attenante qui portait une plaque dorée à son nom.

Chef, j’refuse de partir. On va réparer ça ensembl’

Bolgur grommela et n’en débattit pas. Il cherchait, dans son bureau, un coffre-fort dissimulé dans lequel il avait disposé leur dernier espoir. En quelques gestes rapides, il le déverrouilla et présenta deux cristaux au contremaître.

Va foutre ça dans la Mutterstein lui dit-il, celui-ci s’empressa de le faire et l’ingénieur ne tarda pas à le rejoindre.

Ils placèrent ensemble les cristaux, travaillant au cœur même de la centrale énergisante. Les doses énergétiques que leurs poils absorbaient ne seraient sûrement pas sans conséquence, mais il fallait impérativement calmer la course folle du cristal. La solution commençait à fonctionner car les radiations du cristal diminuaient progressivement. Bolgur avait l’occasion de souffler et de se rendre à une première évidence.

Y’a quelqu’un qu’a remplacé tous les cristaux du stock.

Sabotage ?! s’exclama le contremaitre, effaré.

Instinctivement, ils scrutèrent l’intérieure de la machine afin de vérifier qu’il n’y ait pas d’autres risques. Sur la face arrière de la Mutterstein, Bolgur vit un orifice foré dans le cristal. En y mettant l’œil, il était trop tard.

Merd' pas ça !

L’intérieur du cristal avait été rempli de poudre noire.

Gertrud ! Keltrip !

Et la mèche l'atteignait.




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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyJeu 7 Mai - 18:26



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Jugement populaire


On le sait, le peuple Kardar éprouve des liens assez fort avec les siens. Cette fraternité peut dépasser les frontières et la chaleur bienveillante qu’on leur connaît n’a malheureusement d’égale que leur sévérité sur les matières qui touchent aux finances.

Or, aussi louable eût été les qualités de Bolgur, le respect de la fraternité vola en éclat - à l’image de son atelier et de lui-même - lorsque toutes les machines Lagerdorf se mirent à dérailler, exploser et engendrer des dégâts considérables.

Y’ô po plus consciencieux qu’moi ! M’sieu dames. J’chouchoute tout c’que j’achète. Mais à cause de c’malendrin, m’vla manchot ! s’emportait un témoin à la barre du tribunal du commerce.

Dans l’assemblée, on soufflait de honte et on réprimait quelques exclamations en voyant le bras emputé du vieux Kardar qui témoignait. Un vieillard qui se disait menuisier et qui ne pourrait plus exercer son métier à cause de l’incident Lagerdorf.

’vont payer pour ça se glissait-il par-ci. 200 piastres que j’l’ai payé leur machine…! se glissait-il par-là.

Sur les bancs des accusés, Keltrip n’avait pas relevé la tête et contemplait le sol. Il avait vidé son corps de nombreuses larmes au décès de son père et suivait sa mère dans les méandres juridiques dans lesquels ses opposants politiques l’ont projeté. L’accident à l’atelier, qui avait provoqué une réaction en chaîne sur l’ensemble des cristaux de cette technologie, fut une trop belle occasion d’appropriation politique.

Cet incident démontre que même les personnes les plus inventives peuvent se laisser berner par l’appât du gain, au détriment de la collectivité, de nos vis, de nos fiers travailleurs… avait lâché le Grand Maître lors de la séance publique qui fit suite au drame.

L’homme à la tête de la Guilde des Marchands - et de ce fait membre du conseil municipal - n’avait jamais montré ce visage avec Bolgur, mais il était opposé aux revendications de Gertrud. Il lui suffit d’user de sa verve pour faire chuter une rivale politique et déchoir une entreprise de la guilde des marchands. Une réaction habile, bien que perfide, qui lui éviterait de rendre des comptes.

Mais cette désolidarisation de la guilde lança un signal qui sonnait le glas de la famille Lagerdorf. Nous étions un mois après le décès du paternel et Gertrud devait répondre des nombreuses accusations qu’on lui adressait. Il y avait eu des blessés, deux morts - dont bolgur, des dégâts matériels importants et des bâtiments ont été ravagés par les flammes. La dette familiale ne pourrait jamais être remboursée.

Habituellement, la population kardare restait solidaire face à l’adversité, mais dans ce cas-ci elle s’était laissée emporter par un vent de folie. La population était convaincue que cette situation était dûe à une négligence effroyable de la part de l’ingénieur, Bolgur. Il ne fallut qu’un pas pour considérer qu’il avait bâti sa richesse au mépris des risques et qu’il ne valait pas mieux qu’un marchand malhonnête.

Par Bolbec, faites silence où j’fais évacuer l’assemblée ! vociféra le juge en tapant de son marteau. La parole est à la défense…

Dans son malheur, Gertrud avait trouvé refuge auprès de ses amis du Clergé Techno-Scientifique, l’un d’eux avait accepté de la représenter pour la défendre.

M’sieur l’juge, messieurs les jurés et memb’ de l’assemblée… commença l’avocat clérical. Nous f’sons face à une situation inédite. Sachez-le. Et c’est inédit parc’que pour la première fois d’puis longtemps, un Kardar a permis à notre société d’accéder à une technologie incroyab’.

L’avocat marqua un temps d’arrêt pour sonder l’assemblée et s’assurer qu’il en avait capté l’attention. Il savait que ce moment pouvait marquer un tournant de sa propre carrière. Puis il continua son allocution.

Tout comme la famille Lagerdorf, nos ancêtres prenaient des risques. P’tet même trop. Mais le plus grand risque-tout est aussi le grand Architecte, Bolbec. Et j’pense que personne n’irait l’attaquer en justice pour toutes les machines qui pètent à l’gueule du premier v’nu.

V’nez en au fait, m’sieur l’avocat ! trancha le juge.

Bien sûr, bien sûr… La défense estime qu’elle est également lésée par cet accident. Si la famille Lagerdorf était malhonnête, on voit po pourquoi l’Bolgur serait aller se péter la binoche dans l’explosion de son atelier. La famille Lagerdorf accepte d’léguer 80% d’ses biens pour compenser les pertes si - et seulement si - une enquête démontre la négligence d’Bolgur dans cet accident.

Il y a d’abord un flottement dans la salle avec des “j’ai bin compris l’aut’ ?” et des “vont pas nous rembourser ?. Puis, les premières clameurs s’élèvent.

Blasphème !

Assassin !

Voleur !

La situation dépassa rapidement le juge qui, après quelques interpellations et coup de marteau, fit évacuer l’assemblée. Rendre justice ne serait pas aisé dans cette affaire sans que la colère populaire ne fasse d’autres dégâts. L’avocat des Lagerdorf en avait malheureusement bien conscience, lui aussi.

Le sort des Lagerdorf était déjà scellé, il ne pouvait que gagner du temps.



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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyVen 8 Mai - 14:14



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Et si je sautais ?


La torpeur de la nuit avait peu d’emprise à Kar où les festivités animaient de lueurs, de chants et de rires une ville qui ne voulait pas dormir. Cloîtré dans sa chambre personnelle de la demeure familiale, le jeune Keltrip de 8 ans perdait son regard dans l’une des lunes - il en avait oublié le nom et ne cherchait pas à s’en souvenir. Assis sur le rebord de la fenêtre, il ressentait un vide profond entrecoupé par le chuintement larmoyant de sa mère, au rez-de-chaussée.

Depuis le décès de Bolgur, la joie avait fugué pour d’autres horizons et les ténèbres engouffraient le coeur du gamin qui se confrontait à de sordides pensées.

J’ai qu’à sauter. s’entendait-il penser avant d’avoir un bref sursaut nerveux et de secouer la tête. Non, maman s’rait triste…

Tout à sa réflexion, il avait baissé le regard et aperçu un ami de la famille et membre du Clergé. Il s’agissait d’un Kardar discret qui avait recommandé l’avocat pour les défendre. Il avançait, une lanterne à la main avant de s’arrêter devant la porte.

*Toc* *Toc* *Toc*.

Keltrip entendit un hoquet au rez-de-chaussée, sûrement Gertrud qui ravalait son chagrin face à l’angoisse d’une visite imprévue. L’ami, toujours dehors, jeté brièvement des regards derrière son épaule afin de s’assurer que personne ne l’avait suivi jusque-là. Les gonds de la porte massive grinçèrent et Gertrud souffla de soulagement.

Oh… C’est toi ! J’avais si peur que - commença-t-elle avant de s’écarter pour le laisser passer, referment la porte derrière lui. Tu sais, j’avais peur… que l’on vienne encore jeter des déchets… qu’on m’insulte… qu’on…

Malgré sa porte fermée, les boiseries laissaient aisément filtrer les différents bruits et surtout les discussions. Keltrip entendit distinctement le déchirant sanglot dans lequel sa mère s’effondra, et les yeux du jeune Kardar s’assombrirent davantage. Il entendit une chaise râcler le sol et l’ami de la famille marmonner quelques phrases à voix basses pour calmer Gertrud.

Qu’est-ce-qu’on va d’venir, Pilgrim ? demanda-t-elle entre deux larmes.

Vous rest’rez la famille fière et forte que vous êtes. Oublie tout ceux qui vous tournent le dos maint’nant. Avec le temps, y z’oublieront.

Comment qui vont oublier un bras arraché ? Dis pas n’importe quoi.

Keltrip soupirait. Cette horrible situation l’avait propulsé de l’enfance à l’adolescence à grand coup de savate. Il ne comprenait pas pourquoi tous ses amis le rejetaient. Il aimait pas qu’on lui jette de vieux légumes sur la tête. Il aimait pas qu’on l’insulte.

Peut-être que vous devriez quitter la ville suggéra Pilgrim.

Gertrud renifla un peu.

J’y ai pensé. Mais l’conseil municipal a l’bras long et on devra quand même s’mettre sur la paille pour rembourser… Et puis si on part, ça veut dire qu’on est coupable aux yeux du procès.

Gertrud… entona Pilgrim avec plus de fermeté. Vous êtes déjà coupables. Bolgur a joué avec le feu. C’est pas l’Grand Architecte, c’tait très dangereux…!

Le regard de Keltrip se releva en entendant ses mots, les yeux gorgés de rage. Comment osait-il insinuer que son père était responsable de tout ça ? Il descendit de rebord de la fenêtre bien déterminé, tandis que Pilgrim continuait son laïus.

De not’ côté, on est certain que la guilde des marchands en a profité pour t’jeter à la rue et préserver l’monopole des technologies.

Lourds de rage, le gamin descendait les escaliers avec férocité.

C’est sûr qu’il y a d’l’intrigue politique. Mais aux yeux d’tous, il s’est pris pour Bolbec ! conclut Pilgrim en entendant que le fils de Bolgur descendait l’escalier. Il releva brièvement la tête et regretta quelques instants d’avoir parlé un peu trop fort.

Bolbec, c’est qu’un trou’duc ! hurla Keltrip et les yeux de Gertrud s’écarquillèrent de honte, mais il enchaina. S’il avait du respect pour l’science et pour les Kardar, l’aurait tout fait pour empêcher ça ! Mon popa, l’est mort parce qu’il a voulu rendre Bolbec fier !

Hé, mais j’vais t’laver la bouche avec du savon moi ! s’emporta Gertrud qui se leva de la chaise.

C’est ça, savonne-moi la bouche, s’pas ça qui f’ra revenir popa. crachait-il encore, mais la peur de sa mère commençait à prendre le dessus et il remonta l’escalier pour s’enfuir dans sa chambre en larme.

Gertrud s’apprêtait à monter les escalier pour le rattraper, une cuillère en bois à la main afin de lui donner une bonne correction, mais Pilgrim l’interpella. ”Il a le droit d’être en colère”

Je sais pas c’que j’vais faire de lui… pesta Gertrud. Sans son père, il va tourner sot, j’ai pas sa force…

Entre les larmes effrayées de Keltrip, Pilgrim chuchotta à Gertrud : ”J’ai peut-être une solution”



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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptySam 9 Mai - 18:44



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Terrasser la rage


Le temps s’écoule inlassablement et la colère de Keltrip, pour sa mère, gagne en intensité. Sûrement trop fier pour faire son deuil, il laissait la rage le consumer. Aucun sourire n’avait illuminé son visage depuis le décès de Bolgur, mais il avait déjà imprimé ses phalanges dans le groin de plusieurs de ses anciens copains. Trop influencés par leurs parents, ceux-ci le rejetaient et l’insultaient.

Personne veut d’toi. T’es vilain, t’es bête et pis ton père l’a bien mérité ! lui avait lâché Raghdar, celui avec qui il jouait aux billes quelques mois auparavant.

Le gosse lui avait dit ça avec fierté, toisant Keltrip devant plusieurs autres enfants. De toute évidence, c’était un bon moyen pour lui d’affirmer sa dominance et son appartenance à un nouveau groupe - celui auquel chacun se mêlait. L’effet pervers de la grande fraternité Kardare résidait dans cette difficulté à remettre en question la pression sociale. Instinctivement, tu savais que si tu n’en faisais pas partie, tu prenais le risque d’être rejeté par tes pairs.

Mais le petit Raghdar n’a pas fait le fier longtemps et les cris des enfants se transformèrent en clameur.

Bagarre, Bagarre scandaient-ils en choeur, gonflant la rage avec laquelle Keltrip animait chacun de ses coups. Il ne se retenait plus et il fallu l’intervention d’un des maîtres enseignant qui dirigeait l’éducation des jeunes Kardar.

Tuméfié et ensanglanté, Keltrip refusa d’affronter le regard de sa mère lorsqu’on le reconduisit jusque chez lui. La maître expliqua les raisons du renvoi et l’impossibilité, pour l’élève, de revenir en classe tandis que le gamin grimpait dans sa chambre et y plaçait une chaise pour bloquer la porte. Il s’attendait aux cris de sa mère, à une énième engueulade.

Lorsque celle-ci monta à l’étage, elle tenta d’ouvrir la porte - sans succès - puis cogna trois fois à la porte.

Ouvre-moi Keltrip. demanda-t-elle d’une voix ferme, mais toutefois calme.

Casse-toi ! lâcha-t-il avant d’enfouir la tête sous des draps pour étouffer les cris qu’il s’aprêtait à entendre.

Pourtant, rien.

Il ne perçut que le frottement de la robe en chanvre de sa mère, contre la porte, puis un long soupir et quelques sanglots.

Elle abandonnait.

Keltrip se sentait mal, très mal. Si bien qu’il finit par retirer la chaise et ouvrit la porte, mais sa mère resta assise, dos à lui, trop occupée à essuyer les larmes qui coulaient sur son visage.

Désolé m’man… marmonna-t-il, la tête basse.

Gertrud fut parcourue d’un soubresaut, et sa réponse changea des habituels cris.

C’pas grave Keltrip… J’te comprends. Moi aussi j’ai envie d’taper tout le monde. Moi aussi j’ai la rage. expliquait-elle, toujours de dos. Mais tu n’peux pas faire ça. Faut rester fier et s’montrer digne de Bolgur.

Elle se moucha une bonne fois, essuya ses joues et ses commissures, puis se retourna vers son fils avec un sourire empli de compassion.

Tu veux bien faire ça pour lui ? D’accord ?

Keltrip ressentit un étrange battement de coeur dans sa poitrine, celui d’un moment fort qui réchauffait ses veines glacées par le drame. Sa mère avait raison, il pouvait continuer à rendre son père fier par ses actes.

Bien sûr qu’il était triste, bien sûr qu’il était en colère, mais il avait le choix de montrer autre chose.

Toujours en gardant une certaine distance de sa mère, il hocha finalement la tête sans prononcer un mot et força un sourire dont l’effet le stupéfia. Le visage de Gertrud reprit des couleurs et les yeux brillants semblèrent rayonner d’une joie nouvelle.

Ton sourire m’avait manqué, mon fils… articula-t-elle dans un souffle. C’est ton anniversaire, d’main. J’ai prévu que’qu’chose de spécial, même si ça sera qu’entre nous.

J’ai pas envie d’faire la fête m’man…

Gertrud se releva et frotta machinalement ses genoux puis sa robe afin de la défroisser. Elle ménageait son effet.

Oh, dans c’cas, je mangerais le gâteau seule et j’goutterai ta bière d’grand à ta place.

La bière d’mes 10 ans ?! s’exclama-t-il. Mais j’n’aurais neuf ! Pis t’as pas l’droit d’la boire !

Un brin de joie venait de revenir dans la maison familiale. Gertrud avait remit un sourire sur le visage de son fils. Ils pourraient fêter son anniversaire, comme elle le prévoyait. Généralement, la première bière d’un jeune Kardar se partageait à dix ans avec son père. Ce serait un peu différent pour Keltrip…

… Parce que Gertrud avait besoin de rendre son fils docile, demain.


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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyDim 10 Mai - 14:56


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Renaissance forcée


Le réveil est difficile, aveuglant, bruyant. La bouche pâteuse et la langue engourdie laissait croire à Keltrip qu’il avait avalé du sable. Le vrombissement sourd, dans sa tête, rendait toutes les actions pénibles et ces nouvelles sensations avaient quelque chose d’alarmant, surtout qu’il ne reconnaissait pas sa chambre. Les yeux entrouverts, il triait avec difficultés ses derniers souvenirs.

J’ai neuf ans… J’ai gouté la bière de grand… J’ai mal à la tête… Où est maman ?

Il commença à gesticuler et tenta de se relever. On l’avait installé dans un lit et dans une pièce qu’il ne connaissait pas. En tournant la tête, la vision un peu floue, il croisa le regard d’un Kardar assis à deux mètres de lui. Celui-ci quitta sa table de travail et vint à son chevet.

Qu’est-ce… qui… que bredouilla Keltrip, en sueur.

Du calme Keltrip, j’m’appelle Pilgrim. J’m’occupe de toi. lui expliqua brièvement le Kardar barbu.

En baissant le regard, le gamin reconnu la bague portant le sceau du Clergé Techno-Scientifique. Mais cela ne lui permettait toujours pas de comprendre pourquoi il se trouvait là.

L’est où m’man ?

Du calme. T’as fait un malaise et t’as beaucoup dormi. J’ai pris soin d’toi.

Effectivement, il éprouvait de sérieuses difficultés à assembler les choses dans sa tête. Si bien qu’il mit du temps à réaliser que Pilgrim n’avait toujours pas répondu à sa question sur sa mère et laissait le silence s’installer. L’intensité de son regard changea et le membre du Clergé s’en rendit compte.

Keltrip, j’ai besoin de te parler, mais il faut que tu m’écoutes attentivement sans m’interompre. Nous aurons tout le temps de discuter. articula-t-il avec beaucoup d’effort, dans un phrasé plus lent qu’habituellement.

L’angoisse glaçait les entrailles du jeune Kardar et il devenait livide. Quelque chose au fond de lui grouillait. Très réceptif, Pilgrim prit aussitôt une bassine dans les mains et la plaça contre Keltrip qui fut pris d’un violent haut-le-coeur. Après avoir un peu vomi, il se sentait toujours mal, mais ce poids en moins lui offrait un peu plus de clarté dans ses pensées.

Ta mère nous a quitté. commença Pilgrim.

Les mains du jeune Kardar se ressérèrent sur la bassine et ses yeux s’écarquillèrent.

Elle m’fait confiance pour t’éduquer, pis rendre ton père fier. Elle est partie d’Kar et elle a disparu.

Keltrip ne disait rien et écoutait. Pilgrim expliqua que sa mère avait laissé une lettre dans laquelle elle indiquait les raisons du départ de la famille Lagerdorf - qu’elle partait, elle et son fils. Un mensonge et un sacrifice afin de le protéger, lui, des immenses dettes que le Tribunal s’apprêtait à exiger de sa famille. Ce plan, elle l’avait élaboré avec Pilgrim pour offrir le meilleur avenir possible à son fils.

Ta mère m’a fait promet’, et j’ai b’soin que tu m’fasses aussi cette promesse. T’peux la détester, avoir la rage, mais jamais tu d’vras révéler ce secret. Tu dois pas l’faire pour elle, tu dois l’faire pour toi pis pour ton père.

Le gamin ne parvenait à articuler aucun mot, pétrifié par ce qu’il venait d’apprendre. Il se sentait abandonné, en colère, terrifié, effondré. Son monde disparaissait et son corps tremblait.

Je f’rais tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider. Dans tes veines, y’a de l’or et de l’argent. L’or qui vient d’l’ingéniosité de ton père et l’argent qui représente le sacrifice de ta mère.

Ces mots ravivèrent le souvenir d’un objet précieux pour Keltrip. Il porta la main à son cou et ne sentit pas son collier de naissance. Il le chercha du regard sur la table de chevet puis regarda Pilgrim qui secouait la tête avec tristesse.

J’suis désolé. Il fallait effacer toutes les traces… Je n’pourrais plus t’appeler Keltrip ni Lagerdorf. C’nom va devoir disparaitre ici aussi…

Non, j’suis pas d’accord ! s’exclamait-il intérieurement, sans pouvoir articuler sa pensée. La brume envahissait son esprit, surchargé par une trop grande quantité d’émotion. Dans ce flou lointain, il entendit son nouveau nom avant de s’évanouir.

Erwissen, celui qui sait.

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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyLun 11 Mai - 18:42


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Les erreurs du passé


Les premiers flocons de neige de l’hiver s'agglutinent contre la fenêtre d’une maison de chaume, légèrement en retrait de la zone industrielle de Kar. Un jeune Kardar, avec une barbe naissante, triturait un collier argenté et faisait tourner le bijou formé de deux rouages d’or et argent entre ses doigts. Ce geste machinal ne l’accaparait pas plus que ça, les yeux perdus vers cette météo mélancolique.

À vrai dire, il avait promis à Pilgrim de terminer d’étudier le Codex Commercial de Kar afin de pouvoir parfaire ses connaissances. Car, comme celui-ci lui avait dit ”Celui qui connait les Lois du Marchés ne connaîtra pas la pauvreté.”

La pauvreté n’angoissait pas Erwissen, toutefois il se sentait redevable envers son mentor qui l’hébergeait depuis bientôt 10 ans. Le très jeune adulte - que beaucoup considéraient plutôt comme un adolescent - avait joui d’un apprentissage exceptionnel tout en restant longtemps retiré de la vie sociale. Cela ne faisait que deux ans que Pilgrim élargissait ses possibilités.

Je n’vais pas t’garder ici éternellement. Pis tu dois faire tes preuves.

Du haut de ses 18 ans, presque 19, il avait côtoyé quelques personnes renommées de la société Kardar et ce au sein des différentes institutions. Il s’essaya à différents arts, différents métiers, mais ne semblait pas en trouver qui lui convienne réellement jusqu’à s’en être inquiété auprès d’un ami qui travaillait à la bibliothèque de Kar.

Les livres… songeait-il, tout en tripotant son collier familial. Les livres m’offrent encore et toujours tant de choses. La connaissance est infinie, et il faut la maîtriser pour vouloir avancer dans les Sciences… Sans méthode et en fonçant tête baissée, on ne peut que prendre des risques.

Le fardeau familial l’avait marqué, mais la rage l’avait abandonné pour laisser place à une forme d’humilité. Pilgrim lui faisait souvent remarquer à quel point il s’était assagi, mais il pointait aussi la différence de son tempérament comparé aux autres Kardars. Il ne mangeait ni ne buvait à outrance, ne s’esclaffait pas à tout va et semblait faire preuve d’une forme d’humilité rare chez les siens.

Cela ne l’empêche toutefois pas de s’amuser et de rire, bien qu’il le fasse avec plus de sobriété que ses pairs. Il avait toutefois compris une règle importante pour être accepté au sein de cette société : ce que l’on te propose, tu l’acceptes. Refuser relève pratiquement de l’insulte.

*Toc* *Toc* *Toc*

Erwissen émergea de ses pensées et la porte de sa chambre s’ouvrit sur son mentor, tout de noir vétu. Celui-ci fronça légèrement les sourcils en remarquant qu’il n’avait pas avancé dans la lecture du Codex et qu’il avait en plus sorti l’objet de ses secrets.

Range-le dans l’coffre. grogna-t-il. On doit y aller.

Oui, c’est vrai… répondit l’adolescent. On va où encore ? Une mise en terre, c’ça ?

Le membre du Clergé Techno-Scientifique hoche la tête et précise quelque peu.

Le père Grisepierre. Ca d’vrait te parler pourtant

Oh… oui, c’vrai.

Encore un accident industriel, encore des victimes, encore un père de famille. Quand est-ce que notre peuple apprendra à éviter cela ? songeait-il tout en enfilant le manteau noir que lui tendait Pilgrim. J’ai l’impression que notre société répète toujours cela, sans vraiment apprendre. Je me demande si…

Pilgrim, crois-tu que l’on puisses empêcher ces accidents ? demanda-t-il en dehors de la maison, sur le trajet du cimetière.

Celui-ci haussa les épaules et marmonna dans sa barbe. Il bredouilla qu’on ne pouvait pas changer la nature Kardare, seulement l’éduquer et l’aider à s’améliorer… Mais dans le fond, la fierté et la folie des grandeurs feront des dégâts.

Mais bon, hé. On fait pas d’om’lettes sans casser des oeufs m’gamin.

Et si… prononçait-il doucement. Et si nous pouvions le faire ?

Pilgrim eut un petit rire, mais il l’étouffa puisqu’ils entraient dans le cimetière où l’enterrement se déroulait.

Celui qui trouve l’moyen d’faire avancer la Science sans accident sera un sacré Kardar. Mais personne n's’en rendra compte. chuchota-t-il vers son disciple qui parut quelque peu interloqué. Les Kardars qui s’font un nom sont ceux qui créent, ceux qui vendent et ceux qui d’viennent riche…

… pas ceux qui pensent trop.


La cérémonie débuta. Le père Grisepierre laissait une femme. Une fille. Et une dette importante.

Je chang’rai ça, Pilgrim.


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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyMar 12 Mai - 18:37


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Une bière pour la route


L’enterrement du père Grisepierre avait un peu bousculé Erwissen qui revivait, au travers de la souffrance de cette famille, sa propre histoire. Pilgrim s’en était bien rendu compte et l’avait invité à se réchauffer à la taverne pour prendre le temps de discuter et s’éloigner un peu des études.

J’ai bien r’marqué qu’t’avais du mal à travailler en c’moment... glissa Pilgrim avant de prendre une gorgée de bière.

J’ai la tête ailleurs… marmonna Erwissen.

Et, en effet, il repensait à la réaction de la fille des Grisepierre qui traversait, d’après lui, les mêmes sentiments que lui : rage, déni, désespoir.

Il y a combien d’accidents comme ça par an ? lança-t-il alors à son mentor. Une dizaine ? Une quinzaine ? Souvent, plus d’peur que d’mal. Mais malgré tout, on perd d’grands génies quand la mort s’en mêle. Comment l’Conseil Municipal peut laisser les choses s’faire ?

Hmmm… J’dirais qu’c’est l’inertie des administrations, pis sûrement aussi l’un des effets pervers d’la politique démocratique. C’lui qui évite les drames n’est pas c’lui dont on retiendra l’nom. Parc’que c’est c’qui nous choque que l’on retient. En bien comme en mal.

Erwissen n’appréciait pas la réponse de son mentor, et il commença à en débattre davantage. Pour lui, les politiciens avaient un devoir sur la santé et la sécurité de leur citoyen. Ca lui semblait aberrant qu’aucun budget ne soit alloué à l’amélioration des méthodes de travail et d’innovation.

D’un aut’ côté… remarqua Pilgrim. Si on freine l’innovation avec des lois, on supprime des libertés. Et ça, s’pas demain qu’on l’verra à Kar

Le mentor enchaîna sur les bienfaits de la démocratie actuelle et la manière dont la ville évoluait au fil du temps. Même si l’administration et ses réglementations restaient lentes, la paix régnait à Kar et toutes les voix pouvaient se faire entendre. Avec le système électif, il n’y avait pas de grande différence de classes et celui qui avait des idées - et des moyens pour les concrétiser - parvenait souvent à s’élever.

Et c’est tout c’que j’te souhaite… Parce que t’as beaucoup d’idées Erwissen.

À l’aube de ses premières années d’adulte, le Kardar ressentait une profonde reconnaissance envers Pilgrim qui avait sacrifié son parcours professionnel pour lui. En effet, celui-ci aurait pu devenir une personne influente au sein du Clergé Techno-Scientifique, mais il se refusa à le faire.

Pourquoi tu fais tout ça pour moi ? demanda-t-il.

Bah voyons…! se surprit Pilgrim devant cette question. C’est parc’que j’crois en toi !

Ne m’dis pas des banalités. Y’a forcément une aut’ raison.

Le mentor sonda le regard de son élève puis jeta un coup d’oeil aux tables environnantes. Il s’approcha d’Erwissen pour lui répondre à voix basse.

J’l’ai promis à ta mère. Tu l’sais. Mais j’ai aussi vu des trucs qui m’déplaisent. Des bourses passées sous la table. Des manigences qui servent à personne. J’veux pas d’tout ça.

Erwissen n’était pas surpris d’entendre ça, mais légèrement déçu. La belle cité de Kar restait sclérosée par la corruption des fonctionnaires. Cela faisait écho à ce qu’il redoutait depuis tout petit quant à la mort de son père. Mais il secoua la tête, car il ne fallait pas y penser. Il prit une nouvelle gorgée de bière, puis laissa échapper une grande expiration.

Merci Pilgrim pour tout ça…

Celui-ci vint toquer sa chope contre celle du jeunot, esquissant un très large sourire.

Oh ! M’remercie pas. On n’a pas fini. J’ai plein d’choses à t’faire découvrir et des gens à t’faire rencontrer…

… D’ailleurs, prépare un sac d’voyage. Demain, on sort de la ville.




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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyMer 13 Mai - 18:55


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La Foi, mère des Sciences


« Vendicii 8 Pluviose 973
Nous sommes partis depuis trois jours de Kar, un peu à la hâte. Pilgrim m’a surpris quand il m’a dit de faire mon sac, je pensais que nous n’irions pas bien loin. Pourtant, nous voilà dans la gigantesque ville de Citria. J’ai été complètement impressionné par les hauts murs de celle-ci, mais je n’ai pas eu le temps de m’en extasier que les gardes nous demandaient déjà notre passe-droit.

La tension est palpable, ici, car les Hastanes auraient renforcé leur frontière suite à des incursions Gorlakes sur leur territoire. Pilgrim m’a expliqué que nous n’avions rien à craindre car les Kardar parvenaient à se faire accepter partout. Nos marchandises sont toujours les bienvenues, et c’est ce qui fait la force de notre peuple.

Je dois avouer que tout ça m’importe peu, car il y a bien plus captivant ici : les gens. Ils sont nombreux, différents, surprenants et leur manière de parler n’est pas la nôtre. Ils ont, dans le regard, un certain dédain pour nous - petites choses - qu’ils essaient tout de même de dissimuler par politesse.

J’ai discuté avec une Hastane qui m’a parlé de leurs Vertus, de leurs croyances et de tout un tas de balivernes qui forgeaient leur société. Et ça, c’était ma première baffe. Je me trouvais au coeur d’une gigantesque société où la Science n’existait que pour servir la Foi. Ca n’avait aucun sens. Il ne sert à rien de croire, il faut s’assurer de savoir ! Pourtant, cette évidence ne leur saute pas aux yeux.

Pilgrim m’a fait visiter un peu la ville et m’a présenté quelques endroits sacrés. Il m’a expliqué qu’il arrivait aux Hastanes de brûler leur propres citoyens lorsque ceux-ci s’écartaient trop du ‘droit chemin’. Encore un comportement qui me dépasse… Mais il m’a fait comprendre que je devais faire preuve d’humilité dans ce cas et éviter de vouloir imposer les valeurs Kardare. Il n’a pas tort, nous ne sommes pas chez nous.

C’est une amie de Pilgrim qui nous héberge contre quelques petits services. Elle travaille à la bibliothèque de Citria en tant que restauratrice d’ouvrages, mais elle a accepté volontiers notre aide pour mettre de l’ordre et classifier les différents textes. Cela m’a d’ailleurs permis de me faire une autre idée de cette race. Il y a quelque chose de beau dans leur perception du monde, quelque chose de poétique.

Naïf, peut-être même…

Mais à en lire certains textes, ils sont loin d’être tous de grands dévots. D’ailleurs, Leria - la restauratrice - ne semble pas éprouver un très grand intérêt pour les religions et les croyances. Elle préfère aborder d’autres sujets avec moi, de Sciences, d’innovations, de modernité et de démocratie. Notre système politique l’intéresse beaucoup et je suis encore surpris d’apprendre comment fonctionne celui de Citria.

Ce n’est pas l’intelligence ou la compétence qui désigne les dirigeants. Ca me parait loufoque, mais je ne l’ai pas dit comme ça à Leria. Ses beaux yeux brillaient un peu trop lorsqu’elle parlait des plus hautes familles, des nobles et surtout de la royauté.
C’est un peuple étrange, c’est certain. Et Pilgrim m’a dit que nous allions rester quelques temps ici pour que je puisse parfaire mon apprentissage. D’après lui, je ne comprends pas encore assez bien le lien qui relie la Science et la Foi. J’ai du mal à le comprendre, pour le coup.

La Foi, c’est un acte aveugle envers une entité divine. On se livre à elle et on considère qu’elle nous guide intégralement. Pourtant, ça n’a pas de sens. Les dieux existent, tout comme la magie et les forces surprenantes qui animent notre monde. Il n’est pas ici question de croire ou d’avoir la Foi. Et à bien y réfléchir je pense que Pilgrim se trompe.
»

Erwissen reposa sa plume, quelque peu embêté par cette conclusion. Tout à sa réflexion, il referma l’encrier et le rangea dans son sac. Il voulait en avoir le coeur net et, après avoir remis son carnet en lieu sûr, sortit de l’alcove dans laquelle il s’était isolé pour écrire. La majesté emplissait les lieux bien qu’ils ne dépassent de plusieurs mètres la petitesse du Kardar. Il ne tarda pas à sortir des rayonnages de livres pour retrouver son mentor, attablé en pleine lecture. Celui-ci releva le visage du livre en sentant son disciple s’installer à ses côtés.

Tout va bien Erwissen ? demanda-t-il à voix basse.

Non. Qu’est-ce tu voulais dire avec la Foi et la Science ? C’quoi l’rapport ?

Pilgrim esquissa un large sourire et referma son livre. Pour autant, il répondit à cette question par une autre question. “D’après toi ?"

D’après moi, ça sert à rien d’avoir la Foi. C’qui faut, c’est savoir. Ce lui qui sait n’a pas b’soin d’croire.

J’vois… Et comment peux-tu savoir qu’les Dieux s’fichent qu’on ait la Foi ?

La logique d’Erwissen fut littéralement balayée par quelque chose d’aussi évident. Il ne savait pas. De quel droit se permettait-il de douter de l’utilité de croire et d’avoir la Foi s’il n’envisageait pas que cela soit pris en compte?

Tu vois, Erwissen… En c’bas monde, le simple fait de croire ou d’avoir la Foi a des conséquences. Y’a pas b’soin d’actes divins pour ça. La Foi, c’est d’la Science… C’est même l’origine d’la Science car c’est c’qui expliquait l’monde avant qu’la Science le fasse. Alors, si t’tiens vraiment à changer l’monde, commence par ouvrir les yeux.

Et pour conclure sa phrase, il abattit d’un coup sec un ouvrage à la couverture bleutée sous le nez du jeune Kardar. Il s’agissait d’un recueil théologique qui parlait du monde de Terra, de sa génèse et des différentes forces mystiques qui l’animaient. Erwissen dégluttit, ce n’était clairement pas le genre de sujet avec lequel il était à l’aise.

V’la ta lecture du soir. Mais t’inquiète pas, j’te d’mande pas d’croire ou d’prier… J’te d’mande bien de savoir. Mais n’oublie pas qu’dans savoir, y’a l’mot voir. Alors prends l’temps d’regarder tout c’que ces gens accomplissent par acte de Foi.

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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyJeu 14 Mai - 18:57


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Le destin au bout d'une page


Les embruns du printemps emplissaient les rues de la cité blanche et Erwissen commençait à prendre ses aises dans ce lieu aux portes extravagantes et aux murs disproportionnés. Il prenait au pied de la lettre les mots de son mentor et oeuvrait sans discontinuer sous les ordres de Leria, dans la bibliothèque. Kar lui manquait par moment et la sobriété de certains hastanes lui faisait regretter l’enivrement de ses frères. Malgré tous ses efforts, il ne se sentait pas chez lui et … d’toutes façon on partira bien un jour lui avait confirmé Pilgrim.

Nul besoin de s’attacher outre-mesure à ces pierres lisses, mais cette période lui avait effectivement ouvert les yeux sur des concepts qu’il refusait de prendre en compte jusqu’ici. Il avait observé des miracles - qu’il aurait pu expliquer de bien des manières - et avait réalisé l’exceptionnel effet de cette Foi sur la population. Cette cité vivait dans une situation de danger constant, car à tout moment elle pouvait s’engouffrer dans les méandres du fanatisme.

Les fortes croyances des illuminés de la Cité Blanche les faisait marcher sur le fil de la falaise de l’obscurantisme. Certains chutaient, d’autres avançaient, beaucoup restait à l’arrière. Cette disparité sociale le préoccupait et il lui arrivait d’en débattre avec Leria. Il ne remettait plus en cause les raisons de croire, car il avait bien compris que la Foi était une donnée scientifique à prendre en compte.

Il sillonnait les rayons à la recherche de la restauratrice qui les hébergeait. Il souhaitait approfondir ses questions sur le sujet, dépasser le cadre spirituel et l’aborder avec une certaine rigueur scientifique. Erwissen voulaient comprendre les mécanismes qui nourrissaient de forces mystiques les croyants et alimentait la magie de ce monde. Les religieux parlent de Foi, les mages parlent de Mana, notre ami Kardar se demandait si toutes ces énergies n’auraient pas pour origine les soleils de Terra.

Question rhétorique admit-il pour lui-même, car il était considéré dans la Génèse que les trois soleils nourrissent les lunes qui reflètent les différentes forces magiques. Cependant, si nos soleils représentent les points d’origine directe ou indirecte, pourquoi personne n’a envisagé d’en exploiter l’énergie autrement que par le mysticisme et des tours de passe-passe…?

Au coeur de ses interrogations, Erwissen ne retrouvait malheureusement pas son amie dans son bureau.

Leria, z’êtes là ? osa-t-il tout de même.

Plusieurs bougies entouraient le bureau et illuminait un vieil ouvrage aux enluminures stupéfiantes. A cette distance, Erwissen ne voyait que le reflet des dorures et ne put s’empêcher de répondre à sa curiosité. En quelques pas feutrés, il effleura du bout des doigts le parchemin sur lequel travaillait la restauratrice.

Elle n’est pas là, mais je suppose qu’elle ne m’en voudra pas d’apprendre… se convainc-t-il en refermant le livre pour en découvrir le titre en couverture.


« Mythes, légendes et civilisations perdues »


Il écarquilla les yeux avec surprise. Peut-être trouverait-il justement des réponses dans cet ouvrage. L’auteur portait un nom assez vieillot aux origines visiblement Kardare, ce qui attisa la curiosité d’Erwissen. Comment se pouvait-il qu’un si vieil ouvrage ne se trouve pas dans les bibliothèques de Kar ?

Il entama la lecture, en diagonale, et les premières réponses à ses questions lui sautèrent aux yeux dès les premières lignes.

« Nos peuples tirent leur vigueur, leur magie et leur talent d’une force que les prêtres et les mages effleurent sans réelle compréhension. Pourtant, cette force est capable de faire naître des civilisations, d’insuffler l’intelligence, de dépasser les frontières de la Chimie et de la Physique élémentaire. Dans ce livre, je ne m’attarderais pas sur le champ astrophysique qui nous relie tous - il m’a fallu des années en compagnie des Nébulix pour en percer les secrets - mais sur les nombreux mythes, légendes et civilisations que nous risquons d’oublier.  »

Il appelle ça “champ astrophysique”... Et les Nébulix le connaissent ? s’extasiait-il intérieurement.

Il jeta un bref regard derrière lui, et sans entendre le moindre bruit se plongea dans la lecture de l’ouvrage. Enfin, une lecture bien rapide, car il n’aurait sûrement pas le temps d’approfondir celle-ci. Plus il avançait, plus il réalisait qu’il feuilletait un texte rare, et certainement protégé de toute lecture du commun. Il savait qu’il prenait un risque et que Leria lui en tiendrait rigueur…

Il feuilletait l’ouvrage, appréciait les dorures, les schémas et surtout les stupéfiantes informations qu’il renfermait. Des connaissances qui allaient radicalement changer le parcours de sa vie, dès ce jour.

Hélas, une exclamation interrompit ses découvertes et glaça le sang d’Erwissen. C’était Leria.


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MessageSujet: Re: Veines exsangues d’or et d’argent   Veines exsangues d’or et d’argent EmptyVen 15 Mai - 11:45


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Une barbe trop curieuse


Réalises-tu seulement ce que tu fais, jeune kardar ?! s’emportait Leria. Tu souilles un livre provenant de la bibliothèque privée de l’Empereur ! Je ne sais pas ce qui me retiens de…

Non-non-non j’vous en prie ! J’en savais rien. Le livre était là, sans protection, j’pouvais pas savoir…

Elle plissa les yeux, craignant déceler une remarque perfide.

Sous-entendrais-tu que je suis responsable ?

Bah… Le livre était là sans surveillance…

Leria rougit de rage et vociféra.

Hors de ma vue ! Et dit à Pilgrim de faire son sac et de quitter la Ville ! Si ce soir, je vous vois rôder dans le coin, vous ne ferez pas de vieux os.

Les remarques et l’attitude de la si gentille restauratrice glacèrent le sang d’Erwissen. Comment se faisait-il qu’on lui refuse l’accès au Savoir et à la Connaissance. Ce livre représentait-il un danger pour Citria…?

Qu’est-ce que tu attends pour partir ? siffla-t-elle, ce qui précipita le Kardar hors de la bibliothèque.

Quelques heures plus tard, les deux Kardars sortaient de la muraille extérieure à l’ouest de Citria et s’engouffraient dans la nuit naissante. Erwissen se morfondait et regrettait profondément d’avoir provoqué un tel incident, mais fort heureusement Pilgrim était parvenu à convaincre Leria que tout ceci resterait entre eux. Il voulu d’ailleurs se montrer conciliant.

N’t’en fais pas, gamin. L’temps adoucit tout.

Il tendit au jeune kardar une longue pipe allumée dans laquelle il avait engouffré du tabac et quelques herbes. Erwissen n’avait pas encore goûté au tabac amélioré et tira une bouffée qu’il évacua d’une quinte de toux réflexe sous les grands rires de son mentor.

Ils avaient commencé leur marche vers l’ouest de Citria, une mauvaise heure pour cela au risque de croiser des brigands. Mais Pilgrim ne s’en inquiétait pas car il connaissait la valeur du peuple qui dirigeait ces territoires.

Rassure-moi, il en valait l’coup c’livre ? demanda Pilgrim.

Carrément. C’t’une révélation pour moi. Je sais c’que je veux devenir, et j’sais que je veux que toutes ces connaissances ne restent plus secrètes.

Le mentor fut surpris et tendit l’oreille. Erwissen lui fit part des premières réponses que lui avait offert le livre : la compréhension des “champs astrophysiques” passerait par les Nébulix. Mais la suite de l’ouvrage valait aussi son pesant d’or. Dans certains cas, Pilgrim fut amusé et crut à des balivernes, cependant la précision des informations et l’assurance du jeune Kardar le rendit un peu plus sérieux.

Certains passages présentaient de nombreuses interrogations sans offrir de réponse. C’était par exemple le cas de l’influence de la cinquième saison sur les Nébulix. Avait-on déjà vu l’un d’eux y naître ? Et si c’était le cas, où apparaissaient-ils ? Existait-il d’autres cités ? L’ouvrage le prétendait et évoquait les vestiges d’une cité ensevelie sous une montagne, mais aussi celle d’une cité engloutie par les mers qui pourrait même être habitée.

Après tout, le monde de Terra demandait à être exploré, et si des prédecesseurs l’avaient déjà faits, leurs découvertes sont aujourd’hui tombées dans l’oubli.

A moins qu’on n’veuille les étouffer… suggéra Erwissen.

Comment ça ? Qui voudrait ça ?

Le livre était écrit par un Kardar. Un vieux nom. Pas comme ceux qu’on entend c’temps-ci. argumenta le jeune Kardar. Pis surtout, qui d’aut’ que l’Empereur de Citria aurait b’soin de garder sa population dans l’ignorance ? Le Savoir est une arme… C’toi qui m’l’a dit.

Une arme d’émancipation… C’vrai. acquiesca Pilgrim. Raconte-moi c’que t’as encore lu.

Erwissen évoqua une légende captivante qui se trouvait dans le livre, celle d’une “îles mystérieuses” qu’aurait créé les Dieux. Une sorte d’expérience dans laquelle se trouverait des êtres pas plus grands que la main d’un Kardar. A l’heure échelle, leur île est aussi grande que le continent de Terra, ils ne connaissent sûrement pas l’existence d’autres peuples. Il précisa qu’une carte accompagnait le texte, mais il ne serait pas en mesure de s’en souvenir…

D’après cette lecture, on devinait que l’auteur avait énormément voyagé, exploré et procédé à de nombreuses découvertes. L’une d’entre elle avait glaçé le sang d’Erwissen, et il en fut de même pour Pilgrim lorsqu’il lui raconta. L’auteur aurait découvert une grotte avec de nombreux cristals d’énergie, ainsi qu’un grand cristal au centre auxquels ils semblaient tous reliés.

T’penses que... commença Pilgrim.

Mon père ? J’me l’demande. Grosse coïncidence… Et c’est justement là qu’Leria a débarqué.

Par Bolbec, c’pas rien… Mais quand même, t’as fait fort gamin. Un livre de l’Empereur de Citria… Heureusement, c’pas ici que tu risques de lire un truc secret.

Comment ça ?

Oh, les Nalkiris sont pas du genre très littéraire t’vois. Ils sont pas bêtes, mais leur Connaissances s’transmettent par les mots, par les gestes et par leurs coutumes. Enfin, t’auras l’occasion d’le découvrir.

Pilgrim pointait une lueur orangée à l’horizon. La nuit était complètement tombée et ce rougeoiement se rapprochaient au fur et à mesure de leur marche.

Ca, mon gamin, c’sont les flammes éternelles du grand feu Nalkiri.
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