Kar, la Cité des Kardars

 
Je n'ai jamais autant visité une Cité que celle de Kar. La première fois que j'y suis allée, c'était comme Émissaire de Najar'him pour entretenir de bonnes relations. Un milicien m'y a accueilli, un dénommé Gharock Dhak, qui fut un peu perplexe de cette visite impromptue. Cela m'a laissé entrevoir que les Kardars pouvaient se montrer directs, sans être nécessairement désobligeants. Le même monsieur Dhak m'a fait visiter la cité ; je fus sincèrement impressionnée par ces grands bâtiments, bien que les chaises de la taverne étaient un peu trop petites pour moi. Au moins, ils ont des lits pour les visiteurs qui sont, ma foi, très confortables.

Kar possède une très grande bibliothèque à deux étages. Au premier, il y a un petit étang intérieur, très relaxant pour écrire un livre, et au second se trouve la bibliothécaire. Des colonnes infinies de livres, portant sur des sujets variés, tels que des romans, des livres sur la forge, des ouvrages scientifiques et plusieurs portant sur un érotisme assumé. L'on m'a d'ailleurs conseillé d'en traîner sur moi au cas où que je rencontre des brigands de grand chemin. Je ne suis pas certaine en tant que femme cela serait approprié de remettre ce genre d'ouvrage osé à des gredins, mais je dois admettre que c'est une astuce originale qui pourrait les amadouer, ou du moins, détourner leur attention pour s'enfuir.

Plus sérieusement,  au niveau des autres bâtiments,  il y a une mairie, une taverne, très accueillante et servant de la très bonne bière, une académie destinée à l'étude des sciences et des innovations, chose qui est aussi importante que le commerce pour les Kardars. Il ne faut pas oublier leurs mines, ainsi que leurs étals commerciaux qui ont été installés pour vendre leurs produits de toutes sortes comme des bijoux, des vêtements, des potions, des livres...À Kar, nombreux s'y rendre pour acheter des produits de qualités. J'ai d'ailleurs demandé à Madame Gerna Grisepierre, artisane de renom, de me fabriquer une bague en argent surmontée d'une gemme d'ambre, un bijou de toute beauté. La finesse et la minutie de ce travail m'a révélé à quel point c'était important pour les Kardars un travail bien fait.

Or, leurs produits et leurs créations peuvent s'avérer très couteux, mais avec un bon sens de la négociation et beaucoup de charme, il est possible d'obtenir des prix plus bas. Il va sans dire que je les entends parler peu de religion, mais surtout de commerce. Lors de ma dernière visite à Kar, Monsieur Erwissen, adjoint de la Mairesse à Kar,  m'a montré que la cité était en pleine effervescence et agrandissement, à l'exemple de la construction de leur future arène et du futur marché réservé aux commerçants étrangers. Les Kardars ont une grande ouverture sur le monde et ils privilégient la neutralité à la guerre. Monsieur Tordin Forgefeu, le responsable de la diplomatie à Kar et un mathal à moi (ami en Kardar), m'a affirmé que la guerre est un obstacle à leurs relations commerciales.  Leur innovation et leurs produits locaux sont le pilier de leur économie, c'est la base même de leur cité. Cette passion pour la prospérité peut les faire paraître très avares, mais les ayant côtoyés de nombreuses fois, je me suis rendu compte qu'ils demeurent des gens simples, bien que leur fierté est apparente.

En effet, ils sont très fiers de leurs barbes, de leurs ventres arrondis, de leurs héros de guerre ! J'ai observé qu'ils peuvent se montrer secs avec les étrangers, mais surtout si ceux-ci ne respectent pas les règles de la cité, ou bien, qu'ils les insultent carrément. Par exemple, j'ai vu un jour un Gorlak se faire corriger, car il avait laissé son cheval dans le chemin. En cela, c'était une question de bienséance, mais pour ma part, je dois admettre que je n'ai jamais eu de problèmes avec les Kardars. Ceux-ci peuvent se montrer réservés au premier abord, mais avec de l'humour et de l'amabilité, il va sans dire qu'ils dévoilent facilement leur côté jovial, propre aux bons vivants qui aiment fêter et rire. Pour ce que j'ai pu voir, nombre de Kardars sont charmeurs, ils aiment la bonne chère et les belles femmes. D'autres sont enclins à la politesse et à la galanterie, d'autres encore sont plus grognons et fermés. Les femmes Kardars,quant à elles, sont aimables, mais elles possèdent une réserve naturelle, voire une dignité propre à elles. D'ailleurs, je me dois de vous raconter une petite anecdote fort cocasse. Après une conversation avec deux demoiselles Kardars, j'ai leur ai demander de saluer de ma part certains Kardars de ma connaissance. Or, l'un d'eux, sans que je le sache, était le fiancé d'une de ces commerçantes. Que le visage sérieux et méfiant, un brin jaloux, qu'elle m'a fait quand j'ai évoqué le nom de son mari ! Bien entendu, je l'ai rassuré sur le point qu'il n'était qu'une connaissance, elle m'a répondu qu'il fallait la comprendre, vu que j'étais, selon elle, une belle femme. Le tout s’est terminé à parler de romantisme et de demande en mariage.

Bref, quand tu conquiers le cœur de Kar, elle te le redonne en générosité, en gentillesse, en joie de vivre et en fête. D'ailleurs, j'ai eu le plaisir d'être invité à participer à une partie de jeux de dés avec eux. La règle est simple : celui qui remporte le plus petit nombre doit choisir entre vérité ou action. Celui qui remporte le plus grand nombre, demande ce qu'il veut, pourvu que cela ne franchisse pas les limites de l'acceptable.Je n'ai jamais autant ri que durant cette douce soirée à siroter du vin et à participer à ce jeu. D'ailleurs, j'ai réussi à gagner par deux fois, et je leur ai demandé...

Ah ket (non en Kardar), tout ce qui se vit lors du jeu de dés, reste au jeu de dés...



Jurons kardars : les Kardars aiment utilisés des jurons au début de leur phrase pour exprimer leur surprise ou leur contrariété. Voici quelques exemples :

Sainte-crème  (la favorite de Monsieur Tordin Forgefeu), batince, batarcrince, gériboire,koltor.  


À suivre...Tome II : Ilidelwis la Cité mythique ( en cours de rédaction...)