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 L'escapade familiale

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Hamelin d'Ortans, Hastane

Hamelin d'Ortans, Hastane


Messages : 348
Date d'inscription : 20/08/2019

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MessageSujet: L'escapade familiale   L'escapade familiale EmptyDim 23 Aoû - 14:38

« Prête? »

« Prête »

Hamelin termine de charger leurs chevaux pour ce qui s’annonce être un voyage de plusieurs jours. Il s’impressionne toujours de la quantité de bagages préparés par sa douce, et s’il n’en dit pas un mot, il arrive que son visage le trahisse à l’image d’un livre ouvert. Ils abandonnent derrière eux leur chaumière aux bons soins des Légionnaires qui en alternent la garde, dans l’espoir de revoir le bâtiment entier à leur retour, et en laissant quelques instructions et bons vœux à Thomas, le soldat en fonction au moment de leur départ.

Sitôt montés en selle qu’ils profitent de l’air frais que leur procure le trot de leurs bêtes, un répit à la chaleur accablante de l’Été, et prennent la route vers le patelin de monsieur. Et s’ils avancent ultimement vers leur destination, il ne demeure pas moins qu’ils profitent de ce moment de solitude à deux, et échangent en toute oisiveté, sans aucune presse.


« S’il nous faut établir une règle, c’est de laisser la Cité Blanche et ses tracas derrière nous, et de n’en point parler. C’est d’accord, ma Sélène? »

Et il doit y avoir quelque chose de thérapeutique à cette idée. Fi des feux de forêt, des attaques répétées, des citadins capturés, des sermons Nalkiri, des pauvres et de leurs portes défoncées, des enquêtes, des rebuffades de Sa Majesté etcétéras. Pour Hamelin, il n’y a pas meilleur recueillement que celui de retrouver ses filles, et c’est précisément là qu’ils vont tous les deux.

Mais cette visite n’a rien d’ordinaire : elle marque la première rencontre entre toutes les femmes de sa vie. Ça, et l’anniversaire de la cadette. La question de savoir si ces deux événements de vie peuvent s’agrémenter l’un de l’autre n’a jamais traversé l’esprit de l’homme.

Ils auraient pu faire le voyage en quelques heures, mais prirent ce temps l’un pour l’autre, comme si la route leur permettait cette transition entre deux responsabilités. Ils s’arrêtèrent aux pieds d’un chêne pour pique-niquer, et firent plus tard une halte dans une auberge pour la nuit. Le petit matin ne les trouve pas plus reposés, mais certainement à des lieux, corps et âme, des soucis qu’ils laissaient à Citria, et pas moins frais pour ce qu’il leur reste de route à faire.

***



Eaubelle berce un petit lac dont il tire le nom et peut s’enorgueillir. L’azur du ciel qui s’y reflète, une journée comme celle de leur arrivée, donne à l’eau sa couleur prisée. La pêche y a toujours été bonne et généreuse, et les terres qui le jouxtent en profitent allègrement. À voir la hauteur des champs, tout laisse présager une moisson généreuse, ce qui ne manque pas de flanquer un sourire sur le visage du natif.

Revoir ces contrées où il a grandi lui procure grande joie, et la vie de village amène nécessairement une proximité avec ceux qui l’habitent. C’est plein de fierté qu’il n’hésite pas une seconde à présenter Sélène à Maggy la vieille cordonnière («Veuve, mais récemment courtisée par ce bon Bill qui a perdu sa femme il y a un an et pour qui elle fait des petits plats puisqu’il ne sait comment…»), à Roland le potier (« Tu sais bien Sélène, le gentil bonhomme dont je te parlais et qui m’a permis d’emprunter ses outils pour faire des animaux en glaise à Amélia lorsqu’elle avait six ans… »), Mathilde la chandelière (« La fille de l’autre, Morin qui… »), Jules le pêcheur (« Qui a déjà pêché un poisson gros comme ça, mais personne sauf lui ne l’a vu »)…

Bref, plus ils approchent de leur destination et moins ils avancent.

Au détour de conversations qui n’en finissent plus de finir, ils y parviennent enfin. La petite maisonnée a quelque chose de familier, et son choix de demeure à Citria n’y est sûrement pas étranger. Pareille maison a dû connaître plus d’une génération de femmes et d’hommes, passée de géniteurs en géniteurs. Quelques champs la flanquent, et des animaux de ferme pavanent dans des enclos au grand air.


« PAPA! Papa, papa est là! »

Et la petite tempête accoure à travers la plaine sitôt qu’elle l’aperçoit. Ses rires, et l’empressement qu’elle a à venir le rejoindre, viennent esbaudir l’homme qui met sitôt pied à terre, et y pose le genou pour pouvoir recevoir la charge de plein fouet et l’emprisonner dans ses bras pour quelques longues minutes. Les enfants auront beau jouer dans la boue et traîner à des endroits indescriptibles, l’odeur et les sentiments qu’ils dégagent attendriront toujours leurs parents. Hamelin s’imprègne à pleins poumons de l’odeur de sa fille, et ne la relâche que pour mieux constater à quel point elle a changé depuis la dernière fois où il l’a vu.

« Joyeux anniversaire, ma chérie. »

Il tire de ses affaires un bracelet d’argent qu’il vient ceindre au menu poignet de la petite, tout en parlant.

« N’oublie jamais que je vous aime, ta sœur et toi, plus que toute autre chose au monde. Ce bracelet te portera chance tant et aussi longtemps que tu le porteras. Je te l’offre, et tu devras en prendre soin. »

Laurence intériorise le discours et la responsabilité qui l’accompagne. La jeune fille de 10 ans opine de sa petite bouille chevaline, et commence à réaliser, alors qu’approche la silhouette de sa sœur et de sa grand-mère derrière elle, que son Père n’arrive pas seul.

Lorsqu’elles sont toutes à portée de voix, l’homme se redresse sur toute sa longueur, et leur annonce dans un sourire, tout en la désignant et en allant chercher sa main :


« Je vous présente Sélène, mon épouse ».


***



Les deux mains dans l’eau de vaisselle, Hamelin repense à leur arrivée hier au matin et à la stupeur généralisée qui avait accompagné cette présentation. Sélène s’était empressée d’offrir une noble révérence à la doyenne du domicile, sous un sourire radieux empreint de bonté, et il n’en avait pas fallut davantage pour que la dite doyenne retrouve quelques mots de bienvenue – qui n’effaçaient rien de sa surprise, mais qui la ramenaient vers de bonnes dispositions.

Laurence l’avait dévisagé longuement, et avait trouvé un mutisme conséquent avec sa gêne. Quelque chose chez cette femme semblait l’impressionner, mais le reste de la journée l’avait rendue plus familière. Elles seraient bientôt meilleures amies du monde.

Amélia, quant à elle, l’avait jaugé avec un port altier qui jurait avec sa dégaine toute roturière de fille de campagne. Elle lui avait servi une révérence semblable à celle qu’elle venait de recevoir, mais sans chaleur aucune. Elle devait être celle qui montrait le plus de réserves à l’endroit de la nouvelle épouse, et se contentait d’une politesse élémentaire lorsqu’elle avait affaire avec elle. La proximité que pouvait acquérir Sélène avec sa cadette n’arrangerait rien à la chose, comme les affres de l’adolescence l’amenait à considérer sa petite sœur comme insupportable.

Alors que Sélène passe du temps avec les deux jeunettes dehors, Josia, la mère d’Hamelin, le coupe de ses rêveries tout en essuyant les couverts propres qu’il lui réserve.


« C’était un beau mariage? »

Son fils avait acquis, avec l’âge, suffisamment de notions pour comprendre ce que sous-entendait cette question.

« Esta, magnifique même… Écoute, j’aurais aimé vous y inviter toutes les trois… »

« Mais…? »

Il ne trouve pas tout de suite les mots et se contente pour un temps de frotter son linge sur des ustensiles.

« J’avais besoin de vivre ça pour moi. De ne pas avoir à me justifier, et de pouvoir me consacrer pleinement à elle. »

« Hamelin… »

Le dos courbé au-dessus du bac de vaisselle, il ne déroge pas à sa tâche. Sa mère l’observe, et délaisse ce soupçon d’air pincé.

« Sélène a tout pour être aimée. Ne lui rend pas la tâche difficile. Tes filles savent bien que tu ne remplaces pas leur mère – elles étaient encore en couche lorsqu’Hélène nous a quitté. Mais elles s’ennuient de toi, et il devient de plus en plus difficile de justifier l’écart entre tes visites. Elles ont besoin de savoir qu’elles font aussi partie de ta nouvelle vie. »

Elle sait que ces mots feront leur bout de chemin, même s’il n’y répond pas tout de suite. Elle lui laisse le temps de bien y penser avant de le relancer avec un petit air taquin dont on ne doute plus de l’origine désormais.

« Hélène… Sélène… Le fruit du hasard ou une condition à ton amour marital? »

Ils échangent un regard et un sourire, un peu d’eau de vaisselle en fausse rebuffade à l’insolente, mais pleine d’humour, question – et l’écho des rires d’un fils et de sa mère qui se retrouvent.

***



Libérées de corvée de vaisselle, Amélia file tout de suite à l’extérieur avec un livre à la main alors que Laurence s’accroche à la main de Sélène pour l’attirer avec elle.

« Sélène, viens, viens je vais te montrer nos poules, nous allons ramasser des œufs, et puis je vais te présenter nos cochons - Ah et puis il y a nos chèvres aussi! »

Comment dire non à pareil enthousiasme? La petite insiste, le père, lui, sourit à Sélène, heureux d’assister à un tel engouement. Il n’espérait rien de moins que de la voir subir les caprices de sa plus jeune.

Une fois à l’extérieur, elle s’arme d’un panier d’osier près de la porte dont la principale fonction semble être le ramassage des œufs. Voyant sa sœur non loin, assise avec son bouquin ouvert, elle reprend le même manège.


« Amélia viens…! Quand on aura terminé, on pourra même jouer à cache-cache! »

« Fiche-moi la paix, Laurence. »

Elle s’approche et essaie de l’amener avec elles, comme si la seule interdiction suffisait à la convaincre qu’elle devait insister.

« Viiiiens…! Tu ne veux jamais rien faire! »

L’autre de la repousser de la main, agacée.

« Ce n’est pas vrai: Je ne veux jamais rien faire avec toi. »

« Tu n’es pas drôle! »

« Et tu n’es qu’une idiote! »

Si le précédent enthousiasme contagieux de la petite Laurence réchauffait le cœur de la nouvelle mère par adoption, les aigres paroles de l’aînée vinrent malgré tout l’atteindre dans son fort intérieur. Il était difficile pour Sélène de composer avec cette nouvelle situation. À défaut d’avoir l’expérience d’une mère, elle fit plutôt appel à son savoir diplomatique.

« Ma douce Laurence, il semble que ta sœur ait besoin d’un peu de temps pour elle-même. Je vais t’accompagner voir tous ces beaux amis bien certainement et ensuite nous irons jouer à la cachette ensemble. »

Elle marqua une petite pause alors qu’elle offrit un sourire tendre comme elle seule en détenait si bien le secret. Ce même sourire qui se dissipa lorsqu’elle lança un regard plus ferme sans pour autant être hostile à l’intention d’Amélia.

« Si ta sœur souhaite nous rejoindre un peu plus tard, elle sera la bienvenue. Toutefois elle devra certainement t’adresser quelques excuses pour ces présentes paroles. »

« Mais… » avait commencé à protester Laurence, dès les premiers mots sortis de la bouche de Sélène. Elle avait ravalé la chose sous la promesse d’une partie de cachette, et la chose lui suffisait.

Amélia, quant à elle, avait d’abord eu un regard plus doux pour Sélène, comme si elle trouvait là une alliée insoupçonnée, quelqu’un qui comprenait enfin qu’elle avait d’autres intérêts que les jeux de sa sœur cadette. Quelque chose qui vînt disparaître sitôt qu’elle eût abordé des excuses éventuelles. Elle claqua la langue au palais et retourna à sa lecture, l’air de dire que les poules auront des dents avant qu’elle ne s’excuse auprès de sa sœur.

L’intervention avait redonnée toute sa candeur à la petite, qui entraînait de nouveau Sélène vers les pâturages, où elle aurait à subir de nouvelles sempiternelles présentations, cette fois-ci avec l’entièreté des animaux d’élevage. Et gageons qu’elle entendait bien que Sélène retienne chacun des noms.

Avant la fin de leur séjour, deux nouveaux animaux s’ajouteraient aux autres, confiés par Sélène à chacune des deux sœurs. Émilio et Mélogane, lapin et lapine, eurent tôt fait de convaincre les sœurs de l’amabilité de celle qui partageait désormais leur vie.

***



L’heure des séparations n’est jamais facile. Le matin du troisième jour les amène toutefois à quitter la maisonnée pour retrouver la Cité Blanche.

« Bienvenue dans notre famille, Sélène. Prends bien soin de mon garçon, et vous serez toujours chez vous ici. »

Avait laissé Josia tout en l’embrassant, après avoir fait de même avec son propre fils. Quelques échanges chaleureux ont lieu avant l’arrive d’Amélia, deux malles à bras-le-corps qu’elle vient déposer sur le porche, l’air résolue.

« Amélia, qu’est-ce que tu… »

« Je viens avec vous. »

Laurence, qui arrivait et avait entendue la chose, se retourne et court en direction de sa chambre sans attendre le dénouement.

« AH! ON PART AVEC PAPA! Je vais préparer mes choses! »

« Amélia, mon cœur… »

Il pose un genou au sol pour être plus près du niveau de sa fille aînée, qui le dépasse désormais. Cette situation le déchire. Avec les menaces qu’ils avaient reçues, leur maison n’est pas assez sécuritaire pour oser les y amener, mais comment leur expliquer?

« Bientôt… Bientôt, mais pas tout de suite. Nous ne sommes pas encore complètement installés, et puis il y a certaines choses que je dois rég... »

L’insolente adolescente le coupait, le ton désinvolte.

« Ça fait un an que tu es parti. Un an! Qu’est-ce qu’il peut bien rester à régler!? »

« Amélia… »

« Tu pars refaire ta vie avec une autre femme, tu me laisses plantée ici avec ma sœur et tu ne viens nous rendre visite qu’une fois par mois! »

Les yeux de l’aînée s’emplissaient d’eau malgré tous les efforts qu’elle employait à ne pas y céder. Des mois d’accumulation traversaient ses lèvres, et ses yeux maudissaient celle qu’elle semblait accuser de lui dérober son père.

« Écoute-moi! »

« Il y aura toujours de nouvelles excuses! »

Et comme si elle sent qu’elle va céder, elle tourne pour aller retrouver sa chambre, une main déjà occupée à essuyer son visage. Son père se redresse sur pieds, échange un regard pour les deux autres, et va rejoindre sa fille sur un soupir.

Laurence, petite et menue, arrive un moment plus tard en trainant sa valise difficilement. Elle la dépose devant elle et demande pour les deux autres, pleine d’une innocence qui comprend quand même :


« On ne part pas vraiment aujourd’hui han…? »

***



À l’approche des murs de la Cité Blanche, les amoureux commandent à leurs chevaux de s’arrêter. La tête pleine des souvenirs de leur séjour, ils échangent un regard complice, et demeurent là en suspension, encore entre deux responsabilités.

« Prête? »

Ils se sourient, et prennent encore ces quelques secondes de plus avant que la réponse ne vienne, tendre et résolue.

« Prête »

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