[BG] Vrolg Ourgal

Dans une hutte, un peu éloignée de Luk’Maar, on pouvait entendre les cris d’une Gorlake.

- « Allez Gru’tha ! Le petit arrive, je vois sa tête ! » dit une voix qui sortait également de la hutte.
Gru’tha criait tel un animal pendant que deux autres Gorlaks patientaient en dehors de la hutte.
- « Je veux voir si c’est un mâle… » dit le premier.
- « Le chaman te l’a dit. C’est un mâle. Prie Orgol pour qu’il soit fort comme toi et Gru’tha. » rétorqua le second.
- « Muarr…»
Il cachait difficilement son anxiété. Il savait bien que les chamans avaient toujours raison, ce qu’il voulait savoir, c’est si sa femelle et son enfant allaient bien.
- « Allez Gru’tha ! Il est là ! Il est là ! »
Gru’tha émit un cri de douleur mêlé de soulagement, directement, Urok Ourgal, entra dans la hutte.
- « Gru’tha  ! » dit-il d’un premier regard vers elle, puis d’un second « Chaman ! Comment vont-ils ?! »
Le Chaman portait le petit entre ses bras et d’un grand sourire édenté il répondit :
- « Sois fier Urok, ton petit est gros et fort, ta femelle est en vie. » puis il lui tendit directement l’enfant.
- « Mon Vrolg » prenant l’enfant entre ses bras « ! Ma descendance ! » dit-il en s’approchant doucement de Gru’tha.
- « Voilà le premier d’une longue lignée, Gru’ ! »Elle acquiesça d’un sourire, posant sa main sur le crâne du petit Vrolg qui pleurait.



- « JE SUIS OURGAL ! » criait le petit péon avec beaucoup de vivacité.
- « ET MOI JE SUIS URSH ! » répondait un autre petit pendant qu’ils jouaient avec beaucoup de violence.
- « HAR HAR HAR ! Plus fort Vrolg ! »
Les parents des deux familles du Culte du Sang s’amusaient du combat de leurs petits. Ils savaient que la rage était une énergie à cultiver très tôt, et laissaient leurs enfants « s’amuser », jusqu’à parfois se blesser.
Vrolg avait, depuis sa plus tendre enfance, été protecteur des choses qui lui appartenaient, ou qu’il s’appropriait. Son jouet était son jouet, le jouet d’un autre pouvait aussi être son jouet. Il protégeait sa nourriture, il protégeait sa mère, il protégeait son père et du haut de ses 4 ans…
- « TU PAS TOUCHER ! » criait-il à un marchand de passage qui échangeait avec Urok.
- « HAR HAR ! Ne t’inquiète pas, marchand, c’est mon petit, il veut juste te tuer. »
Vrolg montrait les crocs et essayait de courir vers le marchand, pendant que son père le retenait d’un bras.

Grandissant, comme tout péon, il prit l’habitude de se battre pour des raisons sans grande valeur. Le but était de montrer sa supériorité.  Vrolg gardait cependant cet attachement aux choses : cet os était le sien, cette boisson était la sienne, ce truc était son truc. Sans être le plus bagarreur, il était le plus teigneux, toucher à une chose qui lui appartenait le rendait fou.
- « C’EST A MOI ! » disait-il en fonçant tête baisser vers, parfois, des Grunts qui riaient.
- « C’est à toi petit ? Viens me le prendre alors ! »
Et tant bien que mal il essayait. Urok et Gru’tha l’encourageaient dans ce comportement, ils savaient que sa rage résidait ici, dans ce qu’il voulait garder pour lui. Ils savaient qu’elle ferait de lui un grand guerrier, si elle alimentait cette idée : « tuer ceux qui s'en prennent à ce qui m'appartient ».

Vrolg grandit encore et ne fut plus un « petit péon », il était maintenant un péon en pleine forme et travaillait comme tout un chacun pour la Horde. Il avait ses rituels, il priait Orgol tous les matins, sa hache de bûcheron émoussée en main, prenait son sac rafistolé sur le dos, et enfilait ses guenilles.
Les autres riaient de lui, parfois, car il ne voulait pas se séparer de ses affaires à moitié détruites… mais il était attaché à ses affaires, et ne les quitteraient que si elles se brisaient. Elles étaient à lui, et quiconque voudrait y toucher devrait avoir affaire à lui.
Il faisait le travail d’un péon, il pouvait faire mieux s’il avait un meilleur matériel, mais il ne voulait pas d’un meilleur matériel.  Du fait de sa hache émoussée et de ses autres outils détruits, il devait taper plus fort, il devait être concentré sur sa tâche de bûcheron, plus que sur la gloire d’être le meilleur. Tant qu’on ne touchait pas ses affaires, il était calme et ordonné.

Un matin, avant la prière d’Orgol.

- « Eh ! Vrolg ! C’est pas ta hache ça ?! Huar huar huar ! » criaient des péons qui avaient coincé la hache dans un arbre.
- « Tu vas pas la chercher ? Femelle ?! » continuaient-ils.
Malgré sa carrure, du fait de son tempérament calme, il passait pour un faible (il n'était pas souvent dans les mêlées, jamais le premier à attaquer). Les autres péons, toujours à vouloir montrer leur supériorité face aux autres, ne savaient pas ce qu’ils venaient de faire.

Vrolg grimpa à l’arbre difficilement, il était grand et fort, grimper n’était pas sa spécialité. Il tentait de récupérer sa hache pendant que les autres se riaient de lui et lui envoyaient des pommes de pins à la figure – après tout, il était "faible". Vrolg ne bronchait pas mais sa colère montait. La rage que ses parents avaient toujours alimenté.
Une fois la hache émoussée en main, il sauta de l’arbre, crocs apparents et avec un regard qui disait bien qu’il n’était pas là pour jouer :
- « Qui a fait ça ? » dit-il d’une voix posée mais menaçante.
Les péons qui riaient jusqu’à lors prirent conscience qu’un grand et gros Gorlak, énervé avec une hache en main, n’était plus une histoire drôle. Beaucoup, les plus jeunes ou plus frêles, reprirent le travail le plus loin possible de ce qui s'annonçait être un affrontement.
- « QUI A FAIT CA ?! » répéta-t-il, suffisamment fort pour qu’on comprenne son envie de se battre

Un péon s’avança, crocs apparents, le sourire jusqu’aux oreilles.

- « Tu crois que tu me fais peur ? Huar huar ! »
Sans perdre une seconde, Vrolg chargea son "ennemi" en lâchant sa hache, les deux péons étaient de même taille et de même corpulence, le combat s’annonçait sanglant. Vrolg avait l’avantage de la surprise et de la rage, l’autre péon ne pensait pas qu’il aurait attaqué directement. De tout son poids, Vrolg le mit à terre, s’en suivirent des échanges de coups plus violents les uns que les autres. Vrolg avait l’avantage et le conserva jusqu’à ce que l’autre s’endorme sous ses coups. Les péons regardaient autour, la vue du sang leur donnait envie de se joindre à la bataille, mais ils savaient ne pas interrompre un duel d’honneur, et, aucun ne voudra le dire, mais ils étaient aussi un peu apeurés.
Se relevant du combat, la tête ensanglantée et le visage défiguré du combat, il murmura « Je suis Ourgal…», puis, face aux autres péons
- « TOUCHEZ. PAS. A. MES. AFFAIRES ! » - Son cri était simple, compréhensible et effrayant.

Vrolg s’assura que le péon qu’il venait de mettre au tapis se réveillait, lui serra le bras en l’aidant à se relever et ils repartirent tous deux à leurs occupations de bûcherons.

Les Gorlaks comprirent rapidement qu’il ne fallait pas toucher aux affaires de Vrolg Ourgal.