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 Pétale d'histoire d'une gerbe de lumière

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Eldwae

Eldwae


Messages : 10
Date d'inscription : 10/10/2020

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MessageSujet: Pétale d'histoire d'une gerbe de lumière   Pétale d'histoire d'une gerbe de lumière EmptySam 17 Oct - 18:45

À la tombée du jour, la scène du Théâtre des Variétés était encore vide. Quelques personnes attendaient, perdues parmi les chaises de bois grisées par le temps. Par moment, une ouvreuse se montrait, affairée, des coupons à la main, poussant devant elle un monsieur, une dame pour qu’ils s’asseyent.
Deux jeunes gens parurent à l’orchestre. Ils se tenaient debout, promenant un lent regard autour.

- Que te disais-je, Tristan ? s’écria le plus âgé, un grand homme à petite barbe noire, nous venons trop tôt. Tu aurais bien pu me laisser achever ma bière.

Il étouffa un léger bâillement, puis après un silence

- Tu as de la chance, toi qui n’as ceste encore vu de première… Les Vertiges d’Imeris sera l’événement de l’année. On en parle depuis des lunes ! Il y aura musique et poésie ! chronique théâtrale ! comédie Gorlak ! Lanceur de couteau et cracheur de feu !

Tristan écoutait, excité. Il posa une question.

- Et Elaya, l’étoile nouvelle, qui doit jouer Imeris, est-ce que tu la connais ?
- Allons, ça y est, ça recommence ! cria Vincent en portant la main à son visage, agacé. Depuis ce matin, on m’assomme avec Elaya. J’ai traversé la ville et discuté avec plein de gens, et Elaya par-ci, et Elaya par-là ! Est-ce que je sais… moi ! Est-ce que je connais toutes les filles d’Hastanie ?...  C’est une découverte d’Aldrien, ça doit être.. rocambolesque !

Il se calma. Mais le vide de la place, le couché du soleil, ce recueillement clérical plein de voix chuchotantes l’agaçait.

- Ah et puis, dit-il tout à coup, c’est trop long. Moi, je sors… nous allons peut-être trouver Aldrien. Il nous donnera des détails.

À l’entrée, où était installé le contrôle, le public commençait à se monter. Par les trois grilles ouvertes on voyait passer la vie festive des rues, qui grouillaient et flambaient sous la belle soirée d’été.

- Voilà Aldrien, dit Vincent alors que les deux hommes se dirigeait vers les boutiques estivales.

Les vitrines marchandes étaient disposées, de chaque côté de la scène jusqu’aux abords des installations de péage, formant ainsi un théâtre à ciel ouvert. L’organisateur l’avait aperçu.

- Eh ! vous êtes gentil ! lui cria-t-il de loin. C’est comme ça que vous m’avait fait une chronique… J’ai vu aucune affiche, aucun papier. Rien.
- Attendez donc ! répondit Vincent. Il faut bien que je connaisse votre Elaya, avant de parler d’elle…

Tristan crut qu’il devrait chercher une phrase aimable.

- Votre théâtre… commença-t-il d’une voix flutée.

Aldrien l’interrompit tranquillement, d’un mot cru, en homme franc et direct.

- Dites mon bordel.

Vincent eut un rire approbatif, tandis que Tristan restait avec son compliment étranglé dans la gorge, très choqué, essayant de paraître goûter le mot. L’organisateur s’était précipité pour donner une poignée de main au critique artistique, dont l’avis avait une grande influence à travers les landes d’Hastanie. Tristan craignait d’être traité de citadin puritain s’il se montrait trop éberlué.

- On m’a dit, recommença-t-il, voulant absolument trouver quelque chose à dire, qu’Elaya avait une voix délicieuse.
- Elle ! s’écria l’organisateur afin que tous autour l’entende, une bûche qui brûle !

Le jeune homme se hâta d’ajouter.

- Du reste, excellente actrice.
- Elle ! … Une apostrophe ! Elle ne sait où mettre les pieds et les mains

Tristan rougit faiblement. Il ne comprenait plus rien, puis balbutia.

- Pour rien au monde, je n’aurais manqué la première de ce soir. Je savais que votre théâtre…
- Dites mon bordel, interrompit de nouveau Aldrien, avec le froid entêtement d’un homme convaincu.
- Fais donc plaisir à Aldrien, appelle son théâtre comme il te le demande, puisque ça l’amuse, renchérit Vincent. Et vous, mon cher, ne vous faites ceste attendre.. Si votre Elaya ne chante ni ne joue, ce sera un fiasco, voilà tout. C’est ce que je crains d’ailleurs.
- Un fiasco ! cria l’organisateur dont le visage devenait pourpre. Est-ce qu’une femme a besoin de savoir jouer et chanter ? Ah petit, tu es bête.. Elaya a autre chose.. quelque chose qui remplace tout. Tu verras… tu verras, elle n’a qu’à paraître, et tout s’illuminera.

Personne ne connaissait Elaya. D’où tombait-elle ? Et des histoires couraient, des plaisanteries chuchotées d’oreille à oreille. C’était une caresse que ce nom, un petit nom dont la familiarité allait à toutes les bouches. Une fièvre de curiosité poussait le monde[…]


[…]À ce moment, la horde, au fond, s’écartèrent, et Elaya parut. Plutôt petite, très forte pour ses dix-huit ans, dans sa tunique de déesse, ses longs cheveux charbonnés simplement dénoués sur les épaules, avança sur scène avec un aplomb tranquille, en riant au public. Puis, elle entama son air.

- Lorsqu’Imeris danse le soir..

Dès le second vers, on se regardait dans la salle. Jamais on n’avait entendu une voix aussi fausse, menée avec moins de méthode. Aldrien la jugeait bien, elle chantait comme un feu de camp, et ne savait pas se tenir sur scène. Elle balançait son corps, sans organisation, qu’on trouva peu convenable et disgracieux. Des Ohhh ! Ihhh ! s’élevaient de la foule. On se mit à siffler, puis à rire, comme désarmé. Elaya, cependant, en voyant rire le public, s’était mise à rire elle aussi. La gaieté redoubla. Son rire lui creusait un charmant petit trou dans le menton. Elle attendait, pas gênée, ayant l’air de dire elle-même d’un clignement des yeux qu’elle n’avait aucun talent, mais que c’était pas important, qu’elle avait autre chose… Elle commença le second couplet, lorsque l’orchestre repris vie.

- Kordaken, je veux chanter ton nom…

C’était toujours la même voix vinaigrée, mais elle caressait si bien le public au bon endroit, qu’elle lui tirait par moment un léger frisson. Elaya avait garder son rire, qui éclairait sa petite bouche rouge et luisait dans ses grands yeux, d’un vert très clair. Elle continuait à se balancer, ne sachant faire que ça. Et on ne trouvait plus ça vilain, au contraire… les hommes braquaient leur regard. Comme elle terminait le couplet, la voix lui manqua, elle comprit qu’elle n’irait jamais au bout. Elle donna un coup de hanche qui dessina une rondeur sous la mince tunique, tandis que, la taille pliée, la gorge pétrifiée, elle tendait les bras. Des applaudissements éclatèrent et elle disparut derrière le rideau, mettant fin à l’Acte I. […]

Eoghan de Tombelaine aime ce message

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