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 Réflexions saisonnières d'une gitane

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Thalia, Hastane

Thalia, Hastane


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Date d'inscription : 05/12/2020

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MessageSujet: Réflexions saisonnières d'une gitane   Réflexions saisonnières d'une gitane EmptySam 5 Déc - 17:14

Citation :
Printemps

Mes premiers souvenirs sont teintés de vert, et de la richesse de ses nuances. Le clan gitan d’Éole a toujours bougé au gré des saisons, porté par le vent. Chaque année, c’était pareil, d’aussi loin que je me souvienne. Tout commençait l’été, au campement de la Flamme Dansante, fait pour les retrouvailles entre familles au cœur des vertes plaines citriennes. L’automne se passait souvent dans les forêts giboyeuses ou par la campagne, le temps de faire quelques réserves. L’hiver donnait l’occasion de visiter des oasis du Sina’Far, qui se faisaient plus verdoyants alors que le temps s’adoucissait simplement. Et l’abysse comme le printemps se passaient dans les parages de l’émeraude forêt éternelle, l’incarnation de ce cycle que nous vivions dans une moindre mesure.

J’ai appris, des miens, à cueillir les instants de liesse comme les fleurs sauvage. Nous vivions simplement, faisant corps avec la nature sans nous dénaturer. Peut-être est-ce pour cela que les Daelwena toléraient notre hivernage à l’orée de leurs bois? Ou était-ce simplement de ce bagout de vendeur de tapis Kheijan que mon père avait si bien appris, qui avait pu persuader les éternels de nous laisser rester? Je ne sais cestes. Je me plais à croire que notre art de vivre, nos chants, nos rires, ont émoussé leur austérité : ceux qui ne voulaient pas les entendre pouvaient bien se terrer à Ilidelwis, au fin fond de leurs bois.

J’ai appris, des miens, à reconnaître les fleurs, les fruits, et le maniérisme des bêtes. Des chevaux surtout : il n’y a pas que les chevaliers et les soldats qui en dépendent. La survie des caravaniers, comme nous le sommes, est conditionnelle à la disposition de chevaux en santé. Lorsque la route nous appelle, ils doivent être en mesure d’y répondre, eux aussi.

Nous vivions simplement, cueillant à l’orée des bois et des campagnes ce dont nous avions besoin.

Le printemps ingénu s’est achevé bêtement, je crois, lorsque nous avons cueilli ce dont nous n’avions pas besoin. Un homme hâve, brisé de corps et de raison.

Un Logan. Qui l’eut cru.

Anna d'Aurevilly, Hastane, Médérick Logan, Hastane, Lloyd Logan, Delphine de Tombelaine et Garridan, Hastane aiment ce message

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Thalia, Hastane

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MessageSujet: Re: Réflexions saisonnières d'une gitane   Réflexions saisonnières d'une gitane EmptyLun 7 Déc - 12:55

Citation :
Été

La canicule estivale est étouffante. Dans la chambre offerte, sans fenêtre, on se sentirait suffoquer. Ma tenue, si légère soit-elle, me colle au corps. Sur le lit, Lloyd dort. Le sommeil qui l’enveloppe ne m’a pas trouvée.

Peut-être est-ce la chaleur, peut-être est-ce l’excès de vin. Je lutte contre la nausée. Il me faut ne pas rendre le vin. Il a été béni après tout, et ce serait bien gênant de le dégobiller. Serait-ce sacrilège, peut-être? Gerber du vin sacré, ça doit être un sacré problème. C'est une leçon peut-être : il ne faut pas abuser du vin béni. Mais, pour combattre le mal de cœur, il faut bien s’occuper. Alors, j’écris.

Je pense à l’été. Dans cette fournaise, difficile de ne pas y penser. L’été c’est la flamme du Zhel, et son rouge. L’écarlate de la passion, le grenat du vin, le carmin des gitans, le cramoisi du sang d’un cœur battant. La lanterne de Mélogane m’y a fait repenser. L’été c’est aussi celui qui dort cestes loin. Juste parce que c’est durant la belle saison, faisant route vers la Flamme Dansante que nous l’avons trouvé.

Au milieu du chemin, il était une silhouette perdue. Gianni, mon père, l’avait prise d’abord pour une carcasse jetée en travers de la route. L’un qui n’aura pas survécu, face à quelques truands de grand chemin. On en croise parfois, des comme ça. Gianni a ordonné d’aller le ramasser. Tandis que les gaillards le soulevaient, le choc. « Ça » respirait. Et comme ça, juste comme ça, la caravane se vit dotée d’un nouveau passager. J’étais jeune encore, je me souviens surtout de tout le rouge, qui imbibait ses vêtements, lui sillonnait tout le corps. Tellement de rouge.

D’autres, plus prudents, avaient recommandé de le laisser là, en bord de route. Gianni en a souffleté quelques-uns, ça je m’en souviens. Il leur a dit que les gitans avaient de l’honneur et que ça ne se faisait pas, de laisser mourir quelqu’un sur le chemin. Qui qu’il soit, qui qu’il ait été.

Il a été des semaines, sans parler. Trop en douleur pour articuler quoi que ce soit. Dans les délires et les fièvres que la proximité de Lakkak semble donner. Puis, le temps passant, le chemin se faisant, les plaies de son corps ont commencé à se refermer. Durant tout l’été, il nous adressa des regards méfiants, chargés d’une rage que nul ne comprenait. Père, Dieu ait son âme, sut le traiter. Il a fait comme avec les bêtes sauvages et les animaux blessés. Il l’a apprivoisé, un jour à la fois. C’est là, encore plus que dans les clairières, que j’ai appris comment faire : la patience, l’observation. Lui aussi, à force de ces deux choses, nous a apprivoisé. Et mieux, il a apprivoisé les douleurs qu'il venait à porter : la mort d'une mère, la folie d'un père, un frère égaré, et tout le poids de son passé.

Il a fallu l’été entier, pour qu’il soit à peu près accoutumé à nous. Puis, une fois remis, on a décidé de le garder. Quelle idée, certains se sont exclamé. Les ronflements de Lloyd, imbibé de vin autant que moi, remplissent la chambre. Là, juste là, je pourrais aussi dire « quelle idée. » Et pourtant, dans la grande et intimidante ville, c’est peut-être la seule chose de familière, et d’apaisante, ces ronflements. En silence, je remercie la providence qui a fait croiser nos chemins. Quelle idée ça aurait été, de manquer de cœur plutôt. Peut-être est-ce pour ça qu'on dit que les gitans vivent sous le symbole de l'été : leur chaleur?

Anna d'Aurevilly, Hastane, Médérick Logan, Hastane, Lloyd Logan et Garridan, Hastane aiment ce message

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Thalia, Hastane

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MessageSujet: Re: Réflexions saisonnières d'une gitane   Réflexions saisonnières d'une gitane EmptyLun 4 Jan - 12:01

Citation :
Automne

L'automne est la saison des changements.
Putain, qui eut cru que ce fut aussi vrai.

J'ai dit adieu au camp de la Flamme, ironiquement consumé par le feu de nos ennemis. J'ai dit adieu à une part de mon innocence, quand le sang des miens parait les champs. J'ai dit adieu à une part de ma joie de vivre, ayant su par après le camp indéfendable (et donc indéfendu) sur le moment. J'ai dit adieu à une part de ma gaieté lorsque les peuples de Lysaelle versèrent pour des truites des larmes amères qu'ils n'eurent pas pour les gitans, qui n'étaient pas moins innocents.

L'automne a été rouge sang, et rouge colère.

L'automne a été la saison de la guerre. Des terres du Nord perdues, qui seront peut-être recouvrées. De ces morts-vivants, gorlaks et autre engeances qui pourront peut-être payer, du mauvais oeil ou par l'épée.

L'automne a été saison de l'ardeur. De l'entrainement assidû, de nouveaux devoirs, de l'intention de ne jamais laisser l'horreur se reconduire, de ne plus payer encore une fois le prix de notre sang versé et notre joie sacrifiée.

L'automne aurait pu être une saison de liesse, des amours doux et de la légèreté. Elle ne l'a pourtant pas été. Et pourtant, malgré l'odieux de la guerre et Lakkak soufflant à nos cous, nous arrivons encore à aimer. L'acte d'amour devient un acte de guerre, et à cette salope de mort, un pied de nez.

Sous le feu de notre détermination, l'ardeur des coeurs battants à l'unisson, l'on peut prédire que l'hiver sera plus doux.

Élyse de Lioncour et Lloyd Logan aiment ce message

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MessageSujet: Re: Réflexions saisonnières d'une gitane   Réflexions saisonnières d'une gitane Empty

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