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 (Opéra) Le chant du Rossignol

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Thalia, Hastane

Thalia, Hastane


Messages : 335
Date d'inscription : 05/12/2020

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MessageSujet: (Opéra) Le chant du Rossignol   (Opéra) Le chant du Rossignol EmptySam 24 Juil - 14:27

La jeune gitane surveillait dans son voisinage immédiat un bambine, haute d’une année, qui jouait et babillait parmi les fleurs du camp gitan. En contrebas, le ressac frappait fort, la chûte des lunes avait ça de mauvais. Mais la falaise était solide, et même la montée des eaux qui faisait pester les citoyens de Citria parfois en les mouillant jusqu’aux mollets n’avait troublé le camp gitan.

Le cataclysme prédit à droite et à gauche n’était pas encore venu. Pour l’instant, l’on croisait parfois l’occasionnelle abomination, des sursauts de magie qu’il valait mieux éviter, mais même dans ce qu’on disait l’apocalypse, les gens retrouvaient une semblance de quotidien. La complaisance d’un nouveau dieu, Richcoeur (qui l’eut cru), et son amour pour son épouse, qui par extension avait encore de l’amour pour ses origines gitanes, y était peut-être pour quelque chose…

De fait, c’était pour cela, que la gitane écrivait.

Sa plume courrait sur le parchemin, pour satisfaire une promesse en souffrance. À elle-même plus qu’à d’autres. Elle s’était dit en un temps moins troublé qu’elle saurait rendre hommage à un gitan trépassé, dont l’origine encore était oubliée. Un homme qui avait passé par tous les statuts et grades de la vie hastane, des plus bas-fonds aux plus hauts sommets. Mais qui était né, et restait un gitan, quoi qu’on en dise.

Ainsi elle écrivait sans se lasser, concentrée. Ne se séparant de son travail que pour jeter un œil à la bambine égrillarde, et à la dragonne ancestrale aux écailles dorées qui couvait la mère et la fille d’un regard. C'était une bête qui par sa nature comme son ancienneté était familière avec les instincts de la maternité, et qui saurait les protéger si le pire pouvait survenir. L'on n'était jamais trop prudent.

Dans ce récit, des choses s’entremêlaient. Des souvenirs. Les textes du magistrat que la bibliothèque Citrienne avait accueilli après son trépas. Quelques histoires narrées ça et là, par la famille, les amis, et même les ennemis du dignitaire. Et de ces récits de gitans qui avaient connu la guerre.  

Elle ferait jouer quelques amis, et peut-être Lloyd qui avait belle voix, au sein de cet opéra. Un hommage lié à des obsèques qui avaient souffert de quelques délais, pour cause d'apocalypse lunaire. Lloyd et elle avaient bien brûlé au feu du camp gitan cette bourse que le défunt avait confié, sans l'ouvrir. Ainsi, sans doute, le défunt magistrat serait témoin depuis l'au-delà de la représentation qu'ils prévoyaient donner si la tradition disait vrai.

La représentation gagnerait-elle le coeur des Lioncour, et par extension davantage de leur protection? Car la gitane par cette oeuvre faisait prière silencieuse pour elle, pour son camp, pour ses compères gitans qui s'y abritaient encore. L'action lui était plus familière que les dévotions, et la protection d'une divinité flambant neuve ne serait pas de trop...

En achevant le manuscrit, elle eut un regard pour sa fille comme pour la dragonne qui veillait. Cette oeuvre, basée sur la valeur de la famille, les liens qui unissaient les gitans en leur histoire à travers l'art et le chant, était plus pour ses proches qui restaient sur terre que pour le défunt magistrat, s'avoua-t-elle.

Mais comme le vieux chancelier le professait, l'audace était l'arme de l'ambition. Alors, elle osait.


Citation :
Le chant du Rossignol.
De la vie et des déboires du Chancelier de Rossignili

Acte I – de guerre

*Un pan de décor peint trône en arrière-plan, représentant un campement gitan*

*Un homme, habillé comme un jouvenceau messager de la légion, entre sur scène*

*Assis au coin d’un feu, un autre homme, visiblement gitan, accorde son luth assis sur une souche. Il chante, d’une voix grave et de stentor, dans le style de l’opéra Citrien. Il tonne, dans l’intonation comme dans l’expression, avec son chant de baryton.*

Mon fils mais quel accoutrement?
Que fais-tu en ce déguisement?
Retire-moi ces nippes à l’instant.
Car tu me causes bien du tourment.


*Le jeune homme lance une pièce en l’air de son pouce, et la laisse retomber au sol, la masquant de son pied, avant de commencer à chanter. Sur les inflictions du contre-ténor, le jeune homme réplique*

D’un lancer de pièce d’or je joue ma vie.
N’est-ce pas ce que tu m’as appris?
De faire toujours comme j’ai envie?
Je serai quelqu’un : que ce soit dit.


*D’un grondement de tonnerre, réplique en chanson le père*

Pile le spectacle sera bon, et face mauvais.
Sais-tu seulement ce que tu fais?
Désir des autres, croyant que ça te plait.
Fais-moi plaisir et reste en paix.


*Passionné, le jeune homme réplique, prenant un pas du pied qui ne cache pas l’écu tombé. Il semble galvanisé, habité, le regard élevé au ciel*

Nous autres gitans sommes aussi l’Empire
Et quand sonnent les cors, il nous faut servir
De lâcheté, je ne saurais souffrir.
Et mes succès, je peux les prédire.


*Il lève le pied, et brandit la pièce, côté pile, à son père comme l’audience.*

*Le père le renvoie, vers les coulisses, avec un geste de bénédiction. Son minois est plissé d’un peu de contrariété et d’inquiétude.*

*Guilleret, le gitan-estafette prend la voie des coulisses*


Acte II – d’amour

*Un décor d’avant-poste hastane a remplacé celui du camp gitan*

*Le jeune homme habillé en estafette s’avance, lançant banalement*

-Un message, à relayer…

*Ses yeux se lèvent, et hors des coulisses sort une jeune fille dont l’uniforme d’estafette épouse des formes galbées, au visage frais, à la chevelure dorée*

*Le jeune homme reste figé, l’espace d’un instant, puis s’avance en chantant*

Simple message, qu’il me peine d’offrir
Pour exprimer amour, cela ne peut suffire.
Qui es-tu lumière, qui n’a de cesse de luire?
À l’aura enchanteresse que je ne peux fuir?


*Matoise, la jeune fille lèverait le menton, et rétorquerait en tendant la main pour réceptionner le fameux message.*

Adélaïde. Et, en retard pour ma mission.

*Le jeune homme prendrait plutôt cette main, pour fléchir le genou et poser un baisemain.*

*La jeune fille élèverait au ciel un regard exaspéré et amusé tout à la fois*

Au bout du monde je t’accompagnerai
Car au Nord ce message doit être livré
Ensemble nous marcherons vers l’hostilité
Et puis de la Horde je te protégerai!


*La demoiselle jaugerait le hardi de pied en cape, avec un clair air dubitatif. Elle eut l’air un moment de le considérer, et prit même le temps de renifler une fois. Elle se décide enfin à répondre en chantant d’une voix claire.*

Tu crois en ta fortune, cela c’est certain.
Tu étourdis de tes mots comme de rien.
Et si les Verts nous coursent comme des chiens.
Ta parole les distraira et je ne connaitrai ma fin.


*Pince sans rire et au sourire énigmatique parant le coin de ses lèvres, il était difficile de savoir si elle était bien sérieuse*

*Puis enfin elle viendrait offrir son bras, que prendrait le galant. Les deux estafettes quitteraient ensemble la scène*

Acte III – de chagrins

*Le décor de camp gitan a été remis en place, en arrière plan*

*Changés de costume, l’homme et la femme reparaissent en scène. Ils sont vêtus d’habits gitans, d’une foison de bijoux. Ils semblent, en leurs atours, mûris, vieillis.*

*Vive, la femme à la chevelure dorée, chargée d’un voile gitan et de ses crécelles, secoue la tête avant d’entonner d’une voix de soprano*

Ah je sais que tu n’as pas changé
Bagout et assurance, tout ce qui m'a charmée
Mèneront ta famille à une perte assurée
Qui donc encore, as-tu pu offenser?


*Posant le genou à terre devant sa femme, prenant sa main, le jeune homme chante avec un sourire triste, d’excuse*

Ma douce, ma mie, je vais me refaire!
Ce ne sont que des querelles d’affaires!
Ces brouilles ne sont pas comme la guerre!
Il n’y a pas là de quoi s’en faire!


*La blonde aux formes opulentes arrache sa main de celles de son mari, blessée. Son chant se teinte d’émotion, tandis que les larmes lui viennent aux yeux. Une main sur les hanches, l’autre désigne les coulisses, pour désigner ces enfants dont elle allait parler.*

Penses-tu seulement à ta femme et tes enfants
Lorsque de l’impulsion tu suis le courant
Que tu dilapides fortune, nous laisse indigents
Que tu vexes sans vergogne les autres clans.


*Le jeune homme ouvre la bouche pour parler, la femme lève une main, et entonne de nouveau d’un ton plus fort*

Cesse, je dis, maintenant c’est assez.
De détresse, de fuite, des mille identités.
Si tu ne veux, ou ne peut LES protéger.
Sache que ce sera moi, qui le ferai!


*Et elle s’empresse vers les coulisses, d’un pas précipité, l’expression renfrognée entre colère et détermination*

*Le jeune homme tend une main vers elle, encore à genoux, mais se résigne au silence, tête baissée. Ainsi, le rideau se baisse.*

Acte IV – de déchéance

*Le décor constitué d’une peinture de ce qu’avait été la basse-ville, de crasse et de bourbier. Des cochons ont été amenés sur scène et rôdent à leur envie.*

*Le jeune homme figure seul et avachi au sol, à demi allongé, dans des hardes pauvres et sales, sa chemise rembourrée de laine pour représenter son empâtement. À ses côtés des bouteilles à moitié vides, de nature discutable, sont laissées éparses.*

*Un figurant traverse la scène. Passant devant le protagoniste, il crache au sol et continue sa route*

*La voix du jeune homme s’est éraillée, semble-t-il. Il chante d’un ton plus chargé, passé de contre-ténor à celui du ténor*

Ah me voici démuni et devant rien
D’une chienne d’existence sans fin.
Purineur de la Basse, quel cruel destin.
Sans grâce aux yeux des hommes ou du divin.


*Sa lamentation poussée d’un long soupir, il cambre le dos, cante la tête par l’arrière comme en contemplation du ciel*

Grenouilles de bénitier peuvent coasser.
Bouche en cœur que le bon Kordaken peut sauver.
Quel tissu de mensonge et d’insanité.
Dont les crânes vides peuvent se bourrer.


*De sa harangue, le jeune homme indigent semble se reprendre d’un peu de feu. Le figurant repasse, prêt à cracher encore. Cette fois le Rossignol tend le pied, pour lui faire un croche-patte. Le figurant jure en trébuchant, et passe son chemin en appuyant son propos d’un bras d’honneur adressé au manant.*

Un homme, un vrai, est celui qui fait sa chance.
Qui de lui-même agit, parle et pense.
Dieu montre la voie, mais seul l’homme avance.
Et s’extirpe lui-même de l’abjecte déchéance.


*Difficilement, le jeune homme boueux se relève, éloignant du pied un cochon qui le reniflait de près. Il porte sa pipe aux lèvres et pouffe une fumée noire, avant de reprendre sa chanson.*

Sur les aveugles dit-on, borgnes sont rois
Alors que dieu soit témoin pour une fois.
De ce serment fait par et pour moi.
Qu’en temps, je régnerai sur tout ça!


*Galvanisé encore, il quitte la scène d’un pas déterminé*

Acte V  - de l’envol

*Le décor était planté, celui des appartements nobles de celui qui avait été chancelier. Avec des velours, des soies, des bois riches. D’un gout éclectique, faisant très « nouveau riche », mélangeant les gouts de luxes du petit peuple, l’excès gitan, les parures de la plus haute des noblesses, sans la restreinte des traditionnalistes*

*Confortablement posé sur un fauteuil ourlé de velours, il est carré sur le siège, dans des atours dignes, mais toujours rembourrés de laine. Les cheveux et la barbe blanchis au talc, pour illustrer la vieillesse, l’homme chante, la pipe au coin du bec*

Je suis le gueulard des sans voix
Et on m’a reproché bien des fois
De profiter de ceux d’en bas
Pour m’élever et faire ma loi.


*Il secoue la tête, et marmonne un « Ah ça »*

L’Empereur en son temps m’a dit « tu »
De la famille j'ai retrouvé les vertus.
Ennemis et médiocrité j’ai vaincu.
Et de l’Hastanie j’aurai tout vu et vécu.

J'ai fait mes erreurs, connus mes travers
Vécu en ma vie bien assez de revers
Vu mes acquis s'envoler, mais j'ai su me refaire
N'oubliant d'où je viens, réinventé sur ces terres.

Gitan, manant, patricien, vicomte, comte, parbleu.
J’ai tout été, mais surtout ambitieux!
Et quand viendra mon heure de rejoindre les cieux
Souvenez-vous que la chance sourit aux audacieux


*Le rideau se baisse, enfin, sur la figure patriarche qui trône sur son siège*

Hamelin d'Ortans, Hastane, Élyse de Lioncour, Richcoeur, Hastane, Malar Darmran, Nargolith et Aurel des Lounes aiment ce message

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