[BG] Xor'X Kazuux

Messages : 120 Date d'inscription : 09/05/2020

Ambiance musicale : https://www.youtube.com/watch?v=oL3Ws5halRs

Xor'X Kazuux, Mortanyss

-Si seul.

Autour, c'est un paysage de galets infiniment silencieux et infiniment triste.
Une pierre, polie par les glaciers, rongée par le chancre des lichens, qui résonne sourdement lorsqu'on y pose un pied.
Si on y pose le pied.
C'est au creux d'une vallée, forgée par les mers des autres temps. Où le « vent », qui siffle entre les pierres, offre sa chanson étrange aux rares passants. Ça ressuscite un
passé fabuleux et muet.

Quelqu'un disait avoir vu une silhouette figée quelque part.
Précisément.
Quand il s'était perdu dans les brumes.
Quand il s'était perdu.
Et ça chantait dans ta tête. Ça fait sourire et ça te rend fou.

Dans cette plaine où le granit est roi, seul roi maussade d'un royaume de bout du monde.
Il était-là. Je crois. On me l'a dit. L'homme dans la statue de pierre. Au milieu de nul part...
À veiller sur les siècles perdus et les âmes étouffées. Dans cette étendue infinie, dans cet endroit désert et trop loin. Puis cette chanson. Et le temps passe.

Un engoulevent perdu s'étonne d'un gémissement soudain.

C'est que la pierre casse et s'épuise. Comme les murs des maisons ou de nos cœurs les prisons. Où il reposait depuis longtemps, par choix sans doute, entre les schistes épuisés, d'avoir bu la bouteille... On pouvait encore y distinguer une petite stèle. Des ses mains pauvres, avant que sa peau ne devienne roche et que son cœur ne se rompt, on dit qu'il y avait gravé quelques mots.
C'était prévu.

« Poussé par une lame de fond où se glisse, de nos étés, la dernière lumière.
En forêt loin. Bûchée par mes pères,
Je ne parlerai pas ce soir.
Sous ce ciel de trente ans.
Ça aime boire.
Ça veut sortir de son corps. Ça rêve de mille ans.
Il vit, il respire encore tout au mieux!
Cette fin de monde, oui, comme il s'en fait peu.
Ne le réveillez pas. Il dort.
Il est assit sans bouger. Comme l'un ces marbres oubliés.
Et qui prend du lierre. Qui prend du vieux...
Une statue est en forêt.
Les feuilles tombent et le berce doucement
Les feuilles tombent et le couvre lentement
Une statue est en forêt.
Mais. L'hiver passera. Comme toujours.
Mais...
On le retrouvera peut-être au printemps.
Sous les feuilles empilées...Comme une armure d'un autre temps.
Il sera là, encore, je le sais, blottit comme un enfant. »

Ce qui n'était pas prévu.

Ce que son marbre, dit-on. Se serait redressé au matin d'une nouvelle Ère.
Quelque chose -ou quelqu'un- l'aurait sortit de son sommeil de mort.
On dit qu'une petite traînée de pierres effritées semble glisser vers les montagnes. Au delà de la plaine glacière. Là où personne ne va plus. Et le temps. Le temps. Ça passe. Les ans.
Puis le soleil tombe, encore, sur un autre automne.
Les feuilles tomberont elles aussi.
Lourdes.
Une a une ou deux par deux, comme ces églises de champs de batailles. C'est un bourdonnement venant du nord. Un son continue qui traverse les vieilles forêts de
cèdres. Puis ceux qui y vivent; ça leur passe par les veines. Un murmure, une vieille chanson glaciale. Qui revient.
Ça perce ta peau, ça chantonne dans ta tête.

-Où est le suicidé à la peau de pierre?

Il ne restait qu'un vieux marbre vide. D'âme et de sens.
Mais qui chantait encore.
Quand le vent s'y glissait du nord-nord-est.

Puis les années. Les enfants reviendront jouer à la guerre dans cette lande sous le regard des grands hiboux. Ils se battront en riant avec des branches de houx.

Mais une silhouette, loin, murmure et les guettes depuis peu. Quand les brumes se lèvent et que ça joue doucement dans ta tête. Ça recommence...

-Il est revenu

Messages : 120 Date d'inscription : 09/05/2020

Musique d'ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=IO2KCHg4ml8

Le vent glisse sur les chemins pourris de ces landes creuses et serpente comme si quelqu'un avait laissé partir un cerf-volant épuisé. Les feuilles grises tombent sur la surface des marais, sans aucun sillon.

Ce monde.
Ou son monde, sans capitaine.

Le vent du nord-quart-nord-est glisse sa chanson funèbre entre les arbres morts et les rochers grimpés de mousse de cette taïga fatiguée.

C'est comme l'hiver qui endort les grand pins.
C'est comme la chanson perdue d'un engoulevent.
C'est la glace qui tranquillement revient,
Dans le cœur d'un enfant.

Et ces bouts de chansons, qui te frappe le crâne quand tu te perds. Tu ne sais plus où aller, dans une plaine remplie de poussière de pierre. Ça entre dans ton œil, ça serpente dans ta tête. Tu souris et tu ne sais pas pourquoi. Une mélodie qui berce... Quelque chose pour endormir mais qui tient éveillé. Pour. Toujours. Ça sent le cèdres et l'automne gorgé de plaintes.

D'ici là,
Je serai pilier de taverne. Pour que le toit ne nous tombe pas sur le cœur.
Ça jouera d'un violon, au loin, le chant de l'oiseau moqueur.
Pour garder les poumons liquides, remplies de rêves et d'eau douce.
Pour supporter la voûte des étoiles quand la lune sera rousse.

Il y a un poème perdu sous les cercles en pleurs de la sterne, il y a un cris qui fait frisonner les sourds. Je t'ai appelé. Plusieurs fois. Je ne suis pas au fonds d'un lac....

Pourquoi ne viens-tu pas...

Messages : 120 Date d'inscription : 09/05/2020

Ambiance musicale : https://www.youtube.com/watch?v=VonLk1UUlhA

Ces paysages seuls. Qui font la gloire des enfants tristes.
Cette taïga ancienne au fond des yeux.

Je sais que tout est contre moi. Les rideaux tirés devant toutes les aurores.
Mais si l'hiver revient encore, je te promet que j'ai changé.
Je sais que tout est contre moi. Les poètes furieux et le plus grand des météores.
L'amour se prend d'un arbre mort; je suis venu me livrer.

La sterne crie pour sa famille.

Je ne reconnais plus ces mains marins qui ont tant touchées.
Catatonie des printemps perdus entre sépales et pétales.
Je ne reconnais plus les rides sur mes belles joues glacées
Ambiance de fête pour gens de grèves. Se redécouvrir dans l'étale.

La sterne partira pour un moment.

Puis quand le vent se lève. C'est toujours ça. Celui du Nord-quart-nord-est.
Les chants qui poncent les ossements tièdes.
Puis ces fantômes de mots...C'est toujours ça.
Sous les magnolias quand le feu s'endort.
Cette chanson dans ta tête. Celle qui te fait rire sans raison.
Comme un fou et c'est comme ça.

Il y a une hirondelle perdue.
Je t'aime : cette armure de mon père.
Sous l'océan trois vaisseaux.
L'arbre mort. Près des jardins de l'Évêché.
Le prisonnier rompt ses chaînes.
Il n'y aura plus d'automne pour toi.
Il est grand. Près d'une carrière d'ardoise.
Le corsaire vieillit retrouve son corps.
Demande-moi si je veux rentrer?

La sterne n'est jamais revenu.
De la migration des météores.

Messages : 120 Date d'inscription : 09/05/2020

Deux corps s'épuisent au mitan d'une seule vallée; ciselés dans le pavois d'une falaise.
Il fait soleil et des flocons tombent c'est fou. Ils valsent et le ciel est doucement bleu.
« La plus belle journée du monde » a goût de bière, quand le bonheur décide de me tenir siège.
Et on cherche encore c'est tout. Entre les pins. On cherche encore ce qu'on nous veut.
Deux êtres s'entrecroisent en forêt, racines. Sous le résilient chant fou des sous-bois
Que viennent les petites morts, le vent des nords et les flocons des premiers froids.

Oh capitaine, terre, terre en vue.
Oh « whisky jack », s'être éperdus.

Messages : 120 Date d'inscription : 09/05/2020

Cette élégie d'un temps perdu.
Raconte-moi ta force si grande.
Cette égérie d'un vaste champs de statues.
De ces mots étranges qui feront taire notre peine.

Quelque part. -Tu sais où-
Près d'un hêtre qui pleure.
Étranger du soleil quand l'automne s'est tue.
Dans une petit caveau noyé de l'étale en mousse.
Un souvenir orange c'était glissé.
Lové au centre une petite ampoule à eulogies...
Par les rires enfants des jours bleus.

La moisson revient comme les éclipses.
Les fleur n'y vivent pas.
La statue marche dans ces plaines de schistes.
Personne, non, personne n'était là.

S'émouvoir.
C'est peut-être ça la clé qu'on cherche depuis les temps fous ?
S'être approprié avec soin, en secret, ses propres pulsations.

Demande-moi. Je te promets.
J'ai changé.