Rangé dans un cabinet poussiéreux , un journal aux pages séchées finirait hors de doutes par se désagréger au fil des âges...Écrit visiblement rapidement , la caligraphie était bâclée , les lettres incomplètes...
Aon ! Écoute un fils , écoute ses lamentations et chagrins.
Il fut écrit , il fut prédit , il fut ainsi.
Aurait-il pu néanmoins en être autrement? N'aurais-tu pu être plus miséricordieux?
Le soleil du Sina'far... Véritable menace pour quiconque n'y étant pas accomodé. Lors des saisons chaudes , il était impensable de rester sous son joug. Je le savais , ils le savaient , nous le savions tous...
Mon petit Jinan, nous aurions dû quitter , voyager. J'aurais du te garder auprès de moi , te montrer la vie et les créations d'Aon le Roi, veilleur depuis les cieux. Le Sina'far t'acceuille dans son immensité, où d'innombrables trésors t'attendent.
Tu laisses un vide dans mon coeur , dans mes pensées. Un vide qui me hante à chaque nuit , à chaque jour , à chaque instant. Le fardeau est trop lourd , j'y succomberai prochainement alors que pour d'autres , tu n'auras jamais foulée cette vie.
Pardonne moi Jinan , pardonne leurs , il était écrit. Il était écrit que tu ne reviennes jamais de ton Kas-wan. Il était écrit que nous trouvions finalement tes ossements et tes vêtements déchirés , brûlés par le sable. Il était écrit que je m'enlève la vie , ce soir , avec la honte d'avoir cru qu'il était écrit que cette barbarie soit nécessaire.
Jinan , puissions-nous nous revoir dans l'au-delà , qu'Aon puisse être bon envers nous ... Une seule fois...
Quelques lettres illisibles suivant d'un long trait vinrent conclure la confession.
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Quatre cycles plus tôt
Jin. Es-tu prêt mon enfant? As-tu mémorisé chaque détail et chaque directive?
Un homme , sied auprès de la couche de son fils parlait tout bas , alors que le jeune Kheijan dormait profondément. Ces derniers jours furent éprouvants pour lui. La sainte tradition ne faisait aucune exception; son fils devait entreprendre son Kas-wan et il n'était pas question de le reporter davantage. L'homme , exerçant le métier de tailleur , n'avait jamais maniée une épée , jamais tirée une flèche et ne connaissait pas la vie hors de la sainte cité de Najar'him. Il vivait seul avec son fils , mangeant à peine leur repas quotidien et n'ayant que le toît d'une petite chaûmière pour vivre. Jinan son fils , était courtaud et maigre. Il avait subit un traumatisme étant très jeune et ne l'avait jamais réellement effacé de sa mémoire. Le jeune Kheijan travaillait avec son père et n'avait pas d'amitié ou de vie sociale.
Son père repoussait , à chaque mois , la date du départ de son fils pour entreprendre son Kas-Wan , espérant qu'il puisse grandir un peu ou qu'une opportunité se présente à lui pour ne pas avoir à regarder son enfant partir seul dans l'immense et dangereux Sina'far. À son grand dam , demain , son fils partait , n'ayant eut le choix que d'accepter sous la pression de son peuple , réprobateur. Il souffla enfin la chandelle mais ses yeux restèrent éveillés , ne trouvant sommeil.
Inévitablement , le soleil s'érigea lentement sur les vastes étendues du Sina'far. Au matin , ses rayons traversaient Najar'him en faisceaux , exposant la poussière en constante suspension , telle une brûme permanente. L'homme , n'avait point bougé. Il observait toujours son jeune fils d'un amour brisé , chavirant entre la fatalité et la haine. Lorsque Jinan se réveilla , le père fût semblant de dormir , n'ayant pas la force de lui dire aurevoir alors qu'il savait très bien que ce serait des adieux. Jinan savait quoi faire , ses effets étaient rassemblés dans une petite sacoche , il prit le tout et quitta froidement la petite résidence en terre cuite. L'adolescent n'avait aucune émotion sauf celles de la peur et de l'incompréhension. Sans aucun mot , sans aucun regard il prit alors le chemin vers l'Ouest alors que son père l'observait depuis la dernière ruelle.