Eramorn Trynnicus, Drakan
Messages : 91 Date d'inscription : 30/04/2020
| Sujet: De la vie du Drakan Jeu 21 Mai - 23:59 | |
| MusiqueMalgré ses efforts soutenus, le vieux Drisst peine à garder les yeux ouverts. Dans son jeune temps, l’archiviste aurait certainement apprécié passer la nuit aux côtés des autres Drakans à lire, relire et copier les nombreux ouvrages parsemant les diverses étagères de bois de la modeste bibliothèque d’Hishtals. Hélas, le temps érode la vitalité ; ses écailles ont perdu de leur brillance, ses yeux inefficaces ne perçoivent plus la moindre lettre sans l’aide de ses fidèles bésicles, et son corps parvient difficilement à rester attentif lorsque les étoiles se mettent à briller. Malgré tout, le sage lézard demeure à son poste, prêt à assister un Drakan à la recherche d’un ouvrage précis. Bien qu’au premier abord, la bibliothèque puisse paraître, du moins pour un étranger, une bien pauvre imitation des grandes librairies de Citria et d’ailleurs, la qualité des textes s’y trouvant offre à sa clientèle une contrepartie intéressante. Un lecteur peut espérer s’y procurer une grande variété d’ouvrages en provenance des quatre coins de Terra, recueillis par de jeunes Drakans durant leur période d’exil. En outre, quelques dizaines de parchemins ayant été sauvés des flammes lors de la chute d’Hishtals première se cachent parmi les reliures plus récentes, certains datant de plusieurs siècles. Espérant détourner son esprit de l’appel du sommeil, le vieux lézard glisse obstinément un chiffon sur ses verres déjà propres. Lorsqu’il les replace devant ses yeux après quelques minutes, son regard se pose sur un jeune Drakan aux écailles saphir qui arpente les couloirs de la bibliothèque depuis au moins quelques heures. Sous son bras gauche, ce dernier porte déjà avec difficulté trois livres et quatre parchemins. En dépit de cette collection, celui-ci glisse doucement le bout d’une griffe sur les différents titres lui étant présentés. Appuyé d’un soupir, le vieux sage fait signe au Drakan de s’avancer. « Allons Eramorn, n’as-tu pas assez d’ouvrages pour satisfaire ta curiosité ce soir ? Certainement, malgré ta fougue de jeunesse, ne peux-tu pas lire autant de livres et de parchemins avant le levé du jour ? ».Le jeune Drakan, un brin amusé par l’exaspération de son aîné, répond avec un sourire : « Ô mais, honorable Drisst, vous qui avez écrit des centaines de livres et en avez lu des milliers d’autres, ne pouvez-vous pas guider un élève en quête de savoir ? Voilà quelques heures que j’erre les couloirs de notre belle librairie sans trouver un ouvrage qui ne me satisfasse. ».L’archiviste, un peu irrité de la question du lézardeau, plisse légèrement les yeux et pointe la cinquantaine d’étagères se dressant derrière son interlocuteur. « Il y a assez de livres dans cet établissement pour que tu y passes tes cinq prochaines mues, et encore... Parle, jeune Drakan, dis-moi ce que tu cherches, et je trouverai certainement un récit qui saura calmer ta curiosité. ».Au grand découragement du vieux libraire, Eramorn dépose les artéfacts qu’il a récolté sur son bureau. Il présente alors le dos de ses mains. « Voyez, mon sage mentor, comme les écailles couvrant mon corps sont brillantes et vigoureuses, et comme les vôtres sont ternes et frêles. »Le vieux Drakan, plus surpris qu’insulté de la remarque, se retient de commenter alors que le lézardeau poursuit sa tirade. « Je suis fasciné par cette évidence que tout être doit vieillir, que la vie soit éphémère. Alors que tant d’ouvrage traite de la mort et de sa fatalité, je souhaite comprendre la vie et sa complexité. Hélas, il me semble que peu de Drakans, et encore moins d’Hastanes, ne partagent cette obsession. Je n’ai que faire de la fin du récit, je veux savourer le pendant et le comment, et étudier ce cadeau que notre Mère nous a conféré. »Étonné de la déclaration du jeunot, Drisst prend un moment pour réfléchir. Avec un peu de difficulté, il se penche ensuite pour récupérer un tome dans une étagère près de son pupitre, puis le tend au Drakan bleuté devant lui. « Sens-toi rassuré, jeune Eramorn, tu n’es pas le premier étant guidé par cette fascination. Félicia et Mysticia te sourient ce soir. Prend ce livre de ma réserve personnelle, et tâche de le copier en y ajoutant tes commentaires. Puissent tes nuits être mieux investies à lire plutôt qu’à cueillir les tomes. ».Le visage rayonnant, le jeune Drakan prend délicatement des mains le cadeau de son aîné. « Je ne saurais comment vous offrir mes gratitudes, sage mentor. Soyez certains que mes yeux ne quitteront les pages que vous me conférez avant qu’ils n’en aient lu le dernier graphème. »Sur ces mots, oubliant la pile de parchemins et de livres qu’il avait déposé sur le bureau du pauvre archiviste, Eramorn s’empresse de trouver une table libre pour s’afférer à son étude. Avant d’en débuter la copie, il se dit qu’il devra au moins lire le tome une, ou bien trois fois ! * * * - Drisst Kerrhylon a écrit:
- De la vie du Drakan, par Drisst Kerrhylon.
Préface
La vie du Drakan est lourde d’embûches et de sacrifices, et caractérisée par un combat incessant entre sagesse et folie. L’aspect dichotomique de la nature Drakanne marquera chacun des fils et des filles d’Hishtals, autant mentalement que physiquement, et ceux-ci devront apprendre à trouver en celui-ci un équilibre. Dans ce présent recueil seront exposées les différentes étapes charnières de la vie du Drakan, avec objectif d’assister mes frères à survivre à leur nature en apprenant à se connaître. Rappelons les inscriptions guerrières arborant le portique de l’ancienne cité : « Connaître son ennemi, c’est le vaincre. », qui avec ironie traduit fidèlement le combat interminable entre le Drakan et sa nature draconique. Car si aujourd’hui le combat se fait avec lui-même, il reste que chaque individu a le plus de chance de surpasser la Bête que s’il apprend à la connaître.
De la naissance à la première mue
À la différence de toute autre race sociale de Terra, les Drakans naissent d’un œuf. Celui-ci sera porté pendant deux cycles lunaires, soit 16 mois par la mère. Le plus souvent, l’œuf sera pondu quelques minutes à quelques heures avant l’éclosion, mais il arrive que le Drakan puisse éclore dans le ventre de sa mère-porteuse et qu’il naisse ainsi. Ce genre de naissance est traditionnellement vu comme un signe d’une personnalité craintive et dépendante.
Le Drakan naît déjà couvert d’écailles. Ces dernières peuvent être de différentes couleurs selon celle de ses aïeux, d'un gris clair ou foncé à un vert émeraude. Un Drakan arborera le plus souvent la coloration de sa mère-porteuse, bien qu’il existe certaines exceptions. Le Drakeneau aura aussi déjà une dentition avancée, et certains réflexes qui feront de lui un être rapidement indépendant de ses mouvements. Après un mois à peine, un Drakeneau sait ramper, et à trois mois, marcher. Jusqu’à sa première année, lorsque le Drakan commencera à balbutier ses premiers mots, celui-ci devra être nourrit uniquement de viande ou d’insecte.
[…]
La mue
Tout au long de sa vie, le Drakan passera au travers d’étapes transitives naturelles bien définies qu’on nomme mue. Chaque mue survient à une périodicité d’environ 10 années. La mue se produira sous le regard de la lune ayant été témointe de la naissance de l’individu. Un Drakan peut espérer vivre, en moyenne, entre 8 à 10 mues. Il n’est toutefois pas rare qu’un Drakan vivent encore une vingtaine d’années après qu’il ne cesse de muer. L’aspect de celui-ci se détériorera toutefois rapidement après une décennie, et le passage de l’âge sera très évident. Certaines légendes de jadis suggèrent l’existence passée de Drakans ayant une longévité de plusieurs siècles.
Chaque mue, à l’exception peut-être de la première, est une période très introspective pour un Drakan. Le processus en lui-même peut durer jusqu’à un mois. Bien que la perte sa peau ne soit pas douloureux en soi, certains Drakan peuvent vivre un certain inconfort dans l’accomplissement de ses activités habituelles. Il est ainsi d’usage, pour un Drakan en mue, de se retirer durant cette période afin de se reclure et méditer sur cette transition. Dans l’art de la Terkyss, la symbolique de la mue est très présente et les jeunes Drakans sont fortement encouragés à s’en inspirer.
La première mue est d’ordinaire rapide et sans encombre. Le plus souvent, les jeunes Drakans ne s’en souviennent que très peu. La seconde est toutefois beaucoup plus difficile, et marque l’apparition des instincts bestiaux draconiques. Dans les mois précédents la seconde mue, l’adolescent paraîtra souvent agressif, aura un goût prononcé pour la consommation de viande, et adoptera un comportement rebêle. La culture Drakanne veut que le jeune s’exile alors volontairement afin de faire face à sa nature.
La troisième mue marque l’entrée du Drakan dans la vie citadine. Il devra profiter de cette transformation pour questionner son fort intérieur et comprendre lequel des Alden animent son cœur. Cette mue se veut généralement très spirituel, et c’est à ce moment qu’il est coutume d’initier le Drakan à l’art de la Terkyss, soit de la sagesse et de la rationalité. Si le Drakan est animé par Yen, alors celui-ci est plus près de sa nature humaine, et sera porté vers le Lyarnos et la branche de l’ordre et de la loi. S’il se sent plutôt guidé par Xuan, alors le Drakan est plus rapproché de sa nature reptilienne, et joindra le plus souvent ses pareils dans la confrérie de la sagesse. Si, enfin, le Drakan sent en lui la présence de Zhel, alors c’est que son instinct draconique est puissant. S’il parvient à bien la maîtriser, il fera nécessairement un excellent défenseur, et joindra les rangs de la Myrsyr.
Chaque mue subséquente marquera une période de changement dans la vie du Drakan, pendant laquelle il sera porté à réévaluer son affinité avec l’Alden qui le guide. Entre la troisième et la dernière mue, il est habituellement très difficile de distinguer l’âge d’un Drakan, son corps se renouvelant constamment.
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