L'Ascension

Dans les affaires laissées derrière elle, il pourra être trouvé l'ébauche d'un ouvrage religieux.

L'Ascension

Par Ekatereliae Locc, Voix de Sombrum

Prélude

A la Renaissance de notre Monde, rares étaient les Dieux à avoir survécu au grand Cataclysme. Plus singuliers encore ceux parmi eux qui n'avaient pas été profondément affectés, altérés par celui-ci. Tous, à la Chute d'un Monde, avaient sacrifiés leurs pouvoirs pour porter la Vie de nouveau en un lieu désormais éclairé des trois soleils, des trois Aldens Zhel, Yen et Xuan.
Peu y avaient survécu.

Moribondes, ces divinités dénuées de fidèles et du pouvoir qu'ils en tiraient, revinrent pour certains à l'existence, retrouvèrent pouvoir, quand l'éclat nocturne des Aldens sur les huit lunes vinrent inégalement toucher de leur grâce certains d'entre eux.

Au cours des siècles, des millénaires, de nouveaux noms, de nouvelles figures vinrent lentement garnir les rangs du Panthéon... Les plus anciennes divinités se découvraient ou redécouvraient un don pour créer la vie, mortelle pour la plupart d'entre eux, repeuplant Terra de milles et unes créatures d'instinct ou de conscience à même de les vénérer, quand d'autres, plus exceptionnels, vinrent à puiser dans l'énergie des Lunes pour faire naître de nouveaux immortels.

En cette myriade de nouvelles créatures divines il en est pourtant de nombreux qui, originellement, étaient aussi mortels que ceux qui désormais sont leurs fidèles.

Il en est qui découvrirent l'Ascension.

Guidés par les Lunes seules

A la lueur des étoiles, à la naissance des Dieux...

Nombreux sont les regards qui, à la nuit tombée, se dressent vers les étoiles en quête de réponse à leurs espoirs les plus secrets, à leurs interrogations les plus profondes. Plus rares sont ceux qui y trouvèrent l'illumination: Bolbec, Elmagan, Estyla.
Leur existence même vint bouleverser ce qui devait relever de l'évidence à l'époque: des dieux seuls peuvent naître d'autres divinités, que seule l'étincelle divine originelle peut être ravivée, embrasée, reforgée par les Aldens au travers des Lunes.
Des mortels, sans influence d'une autre divinité, atteignant le statut divin.

Il reviendrait à s'échouer dans la médiocrité que d'assigner au Destin seul ou à la Chance ce qui amena ces mortels à croiser la route de fragments liés aux Lunes, comme Estyla et Elmagan, à en être profondément bouleversés dans ce qui les définissait même.
Tous trois présentent deux points commun majeur ayant traversés les siècles et les récits:
leur soif de connaissances, leur étude même des Lunes pendant de longues années. De cette étude, de cette longue exposition au rayonnement des lunes, est conclu par les théologiens leur acquisition au fil du temps des pouvoirs divins
leur perte de contrôle des dits pouvoirs. Elmagan libéra la magie de Mysticia sur les landes, incapable d'en maîtriser les impacts sur la Nature, incapable d'en canaliser réellement la puissance, voyant notre monde connaître de multiples apparitions de créatures qui n'existaient alors silaie. Lui doit-on les Nébulix...? Bolbec se retrouva sous tutelle d'Imeris, Estyla dans l'incapacité de canaliser la croissance de ses propres pouvoirs.

Loin d'être de simples rêveurs lorgnant vers les étoiles, leurs légendes tendent à prouver que le secret de l'Ascension se trouve dans les Lunes, que leur étude, ainsi qu'une longue exposition à l'influence plus majeure d'une poignée d'entre elles, peut amener un mortel à franchir la frontière du divin.

Dès lors, est-ce question de plan d'existence qui séparerait le divin du profane? Un plan d'existence filtrant, en notre cas de profane, d'avantage les rayons lunaires à en limiter les interventions directes des dieux et, à l'inverse, notre accès au divin?

A quel prix? Nos esprits sont ils capables d'appréhender l'immensité de la divinité par eux même?

En marge des leurs... à l'aube de la folie...

Les légendes attachées aux deux kardars sont intéressantes pour ce qu'elles nous enseignent de la nature même de l'Ascension et ses conséquences sur des esprits nés mortels. Que cela fut Bolbec ou Elmagan, les récits traitant de leur mortalité les dépeignent systématiquement comme en marge de leur propre peuple, et d'une créativité les condamnant à l'incompréhension des leurs.

Leur accession au pouvoir divin par la simple traction de leur savoir, de leur science, de leur détermination semble avoir profondément altéré si ce n'est détruit des pans entiers de leur personnalité mortelle.

Quand Elmagan le kardar vint déchainer les influences de Mysticia sur les landes, cela l'était par la force de ses machines, de ses instruments, de son ingéniosité. Pourtant, de nos jours, ses dévôts en font une icône de celui qui lutte contre la supériorité de toute réponse scientifique, qui remettent en question. Son rapport même à la science inéxorablement bouleversé par son ascension.
Que restes-t-il du Kardar en lui? Rien, serait-on tenté de penser.

Bolbec, chaotique vecteur de création aux ambitions démesurées devenant l'incarnation de la rigueur symétrique, de l'ordre, perdant de cette formidable puissance créatrice irrégulée pour servir le Zhel sous tutelle d'Imeris. Bolbec, être divin, n'est-il d'avantage prisonnier désormais de ses connaissances, de son pouvoir, que libre de créer les fruits de son imaginaire délié, comme du temps où il était mortel?

Estyla elle-même, dépassée par la teneur de ses pouvoirs, dénuée de toute influence auprès des mortels, dénuée de fidèles, n'est-elle finalement que devenue un outil au service des dieux? Sénéchale et créatrice des Royaumes Divins, servante éternelle de leur équilibre. Ce n'est là le rêve d'une scribe qu'elle était, mortelle, que d'être vouée à être oubliée.

Valesia: l'école du Xuan ou la main d'Aon?

Valesia apparait comme un cas à part, entre ces mortels devenus dieux par eux-même et ceux ayant obtenus soutien Divin en leur Ascension. Elle ne fut silaie mise sous tutelle et sa psychée semble être demeurée identique, de mortelle à être divin, contrairement à Bolbec, Estyla ou Elmagan. Seule, aussi, à ne silaie avoir dédié des années de son existence à étudier les Lunes.

Elle est une forme de création indirecte de Bolbec et d'Estyla, être divine par l'obtention d'un excès de pouvoir d'Estyla, par la victoire de son esprit sur l'ingéniosité des plans et pièges du divin Bolbec. Elle est le Chaos ayant brisé le piège de l'Ordre pour mettre la main sur un bien possédé en excès.

Dès lors il conviens de s'arrêter sur les valeurs, l'ambition, la détermination de Valésia au cours de son existence de mortelle. L'Ascension n'était silaie pour elle un objectif, elle est devenue simplement un outil à même d'accomplir ce qu'elle faisait depuis toujours: prendre à ceux qui ont tout, prendre à ceux qui pensent être arrivés, être intouchables, furent-ils divins. En cela, sans une once de sang, elle applique les préceptes fondateurs de Derna que de remettre en question les statuts, de les briser, de contraindre les puissants de ce monde à douter, à reconsidérer ce qu'ils ont, ce qu'ils sont.

Alors que pour Bolbec, Estyla ou Elmagan, l'Ascension représentait la culmination de leurs études, de leurs efforts, il n'en était rien pour la mortelle Valésia qu'une trouvaille de plus en ses expéditions, en ses vols, en ses aventures. L'instant ne sembla avoir été “charnière”, amenant à la finalité d'un objectif d'une vie, ce qui pourrait expliquer la très grande stabilité en terme de personnalité qui sembla avoir subsisté au travers des siècles, la concernant. La légende veut que les dieux découvrirent ses pouvoirs tardivement, tant elle n'en faisait cas, préservant ce qui avait fait la force de la mortelle Valésia: sa discrétion.

Incarnation des valeurs du Xuan, il émane pourtant de Valésia une profonde humanité des valeurs, des perspectives, des objectifs. Figure inchangée, transposition divine de ce qu'elle fut comme mortelle: libre.

Libre, comme aucun autre dieu né mortel ne l'est encore, entière, elle-même, “inchangée”.

WORK IN PROGRESS / NOTES

Derna la Créatrice
Déesse native de la Renaissance de notre Monde, Derna est une jeune déesse à l'échelle de l'infini. Des divinités primaires datant de l'Ancien Monde, seuls Lysaelle et Aon semblent avoir survécus aux mémoires des mortels, au poids des âges. Au sein du Xuan, pourtant, aucune n'a traversé les âges en nos mémoires et Derna y apparaît donc comme celle qui initia le Panthéon du dit Alden.
Ont-ils existés ? Etait-elle la première en cette Renaissance ?
Ou... furent ils les premières victimes de son éternelle Croisade contre les certitudes ? Contre ceux qui pensent qu'il existe une ligne d'arrivée ?

« S'élever ou s'incliner. »
Quand Malmoth vint chercher à s'élever, au détriment de Kordaken, il fut contraint de s'incliner dans la défaite, dans l'échec de ce corps qui était sien. Le temps aurait pu l'amener à l'oubli, consumé dans  la faillite des armes qui étaient siennes....  mais Derna est forgeronne des âmes, consumant dans les flammes de l'ambition ce qui fût brisé hier, pour en révéler sa nature profonde, son essence, et la soumettre au martèlement constant des doutes, des craintes, des tentations, jusqu'à ce que disparaisse la médiocrité et émerge le renouveau. Le mieux. L'évolution.
Échouer n'est pas une faute pour quiconque comprend les enseignements de Derna. L'échec n'est qu'une étape à même d'identifier ses propres failles, ses propres manquements, et éveiller, découvrir son propre potentiel afin de ne plus sombrer en de mêmes écueils.  
Malmoth est l'incarnation même de cette Leçon existentielle. Défait à deux reprises par les forces du Zhel en combat singulier, par Kordaken et le Paladin Gahadin, le corps brisé, c'est à la lueur des forges de l'âme de Derna qu'il devint ce qu'il est.
C'est le symbole d'une défaite, un simple mortel l'ayant ramené à sa propre fragilité, qui viens désormais le protéger, à la droite de Derna. Ankes, autrefois mortel, autrefois Gahadin, désormais aux côtés d'Orgol pour servir Derna et protéger Malmoth.