Une vie à courir, une vie à mourir. [ BG Azalya Minervia ]

Au compte-gouttes, trois interminables semaines s’étaient écoulées depuis que fût déclaré leur mandat d’arrestation et d’ores et déjà, leur cavale leur sembla devenir une sempiternelle tourmente. Car oui, tous trois tapis dans leur gourbi de fortune, sans jamais faire défaut à cet endroit maudit, la tête, de même que l’esprit, commençaient en toute langueur à s’engourdir. Par tans, cet audacieux larcin qu’ils commirent en l’égard de leur ancien Seigneur, commençait tout doucement à leur paraître moins reluisant. Ainsi, le séant posé contre les humides lattes du parquet, c’est en chien de faïence que se toisaient père et mère, tandis que leur fille unique était réduite à un pieux mutisme qu’elle s’était elle-même depuis longuement astreint.

« Quelle idiote fus-je de donner suite à ta sotte idée de grandeur … Alléger le palais d’un peu de ses richesses, me disais-tu ? Et à sa rhétorique, elle caressa le diamant de la taille d’une pomme entre ses deux pouces, comme si jamais pareil objet de fascination ne fût emprisonné entre ses dix doigts. Et nous, dans notre bonté d’âme, nous cherchâmes qu’à leur rendre service. Ils n’ont désormais plus guère à chaperonner ce joyau puisqu’il brille par son absence et nous, avons appesantis nos poches de centaines de milliers de pièces d’or … » Et à cette dernière constatation, à mesure qu’elle s’adressa à son conjoint, son timbre de voix s’était amenuit, s’éteignant dans une peine étouffée, asphyxiée par le grotesque de toute cette situation.

« Tza … Avec cette pierre précieuse, plus jamais tu ne seras contrainte à la pauvreté … L’aurais-tu déjà omis ? C’est pour cette raison unique, tu te souviens, que nous l’avons fait, silaie ? » Et a cette interpellation, la cambrioleuse se vit dépouillée de tout sang-froid, bouillonnante d’une fureur telle, qu’elle catapulta en direction du patriarche l’inestimable camée. In extremis, il capta le plus précieux projectile de Terra, juste avant de se faire incendier jusqu’à la moelle par sa furibonde de concubine.

« SI OPULENTS, QUE NOUS SAURIONS NOUS OFFRIR LES PLUS GRANDES EXTRAVAGANCES ?! ET NOTRE LIBERTÉ, ENIALIS, A COMBIEN L’ÉVALUES-TU ? » Hurla-t-elle si tant fort, que ses aboiements furent portés au-delà de leur volontaire prison, brisant comme un vitrail fracassé du haut d’un temple leur si précieux anonymat. Et, avant qu’elle ne compromette de trop la sécurité du trio, le patriarche se ruât contre sa harpie de femme, cherchant à lui soustraire tout droit de locution en l’étouffant d’une main à la bouche, mais également à la gorge.  Il appert qu’en temps de panique, l’affection que l’on croyait si chère à nos yeux, n’avait que peu de valeur face à l’instinct de survie. Or, pendant que le feu prit au poulailler, Azalya cibla le pinacle de cet affrontement et s’en saisit pour guerpir à l’extrémité des lieux, trouvant refuge de fortune sous les épais escaliers qui menèrent au grenier.

Hélas pour nos deux larrons, l’esclandre de la jeune Tzaeliah les avaient trahis tous deux et, avant que leur rixe ne s’achève, une tapée de mercenaires harnachés comme les plus sauvages reîtres, pénétra dans les pénates des deux criminels. La cavalcade effrénée des deux plus illustres scélérats de Sombrum était terminée. De force et, sans la moindre compassion aucune, Enialis et Tzaelia fûrent emportés au dehors, esseulant à tout jamais leur fille unique, à cette époque seulement âgée que de dix ans.