[BG] Hamelin d'Ortans, Hastane

Citation :

Hamelin, mon chéri,
Suis ta voie mon garçon.

Je remercie le ciel que tu sois toujours ce jeune homme au rire facile et contagieux et que tu n’aies rien perdu de ta bonhomie. Ta route n’a pas toujours été facile, et elle ne le sera pas non plus, mais il y a tant d’épreuves qui te sont arrivées trop tôt. Si j’avais pu les vivre pour toi, pour te les épargner, je m’y serais obligée, mais je n’ai malheureusement pas ce pouvoir. Les dieux avaient des desseins pour toi, des leçons à t’apprendre. Et malgré tout, tu as été bon élève. Tu as su tirer en tirer le meilleur parti, et je suis si fière de toi.

Je m’occuperai d’Amélia et de Laurence lorsque tu seras absent. Nous ne vivons pas dans un palais, mais à 11 et 9 ans, elles pourront mettre l’épaule à la roue et apprendre à travailler pour nous aider sur la ferme. Et elles comprendront. Peut-être pas dans l’immédiat, mais elles comprendront.

Tu ne pars pas pour t’éloigner de tes filles, et je leur répéterai tous les jours à quel point tu les aimes. Et tu dois te le répéter aussi. Tu pars pour leur offrir une meilleure qualité de vie, à terme. Tu pars pour gagner une solde, pour t’installer comme un citadin. Et je te vois, aussi clair que de l’eau de roche, devenir patricien un jour. Tu as toujours eu le cœur à la bonne place. Je suis ta mère, je le vois et c’est normal, mais ils le verront aussi.

Tu as mis un frein à ta vie depuis que ta belle Hélène nous a quittées. Tu es resté pour tes filles et tu t’es réinventé plus de fois que je ne peux le compter. Mais tu sais que tu n’es pas né pour être potier. Ni pour travailler sur une ferme, ou pour le labeur du forgeron.

Va à Citria et deviens l’homme que tu dois être.

Tu pourras toujours revenir nous voir lors de tes congés. Laisse-le moi savoir et rapporte une bouteille de bière brune pour que je prépare ma recette de mijoté que tu aimes tant.

Écris-nous souvent, et veille sur ta vie. Tes filles auront besoin de toi.

Je t’aime de tout mon cœur et je t’embrasse.

À bientôt, et que Kordaken te protège.

Josia

À quelques pas de l’entrée principale de la ville, Hamelin repassa quelques fois les yeux sur la lettre que lui avait écrite sa mère avant de la plier avec soin et la ranger près de son cœur. Mener ses filles chez elle n’avait pas été une étape aussi facile qu’il l’aurait souhaité, et il en gardait un souvenir vif. S’il lui avait été difficile de se séparer d’elles, il savait que les semaines à venir se montreraient plus éprouvantes encore puisqu’il devrait résister à la tentation d’aller les rejoindre.

Il brava la distance qui le séparait de l’entrée avec fébrilité. S’il ne pouvait s’empêcher de songer à ce qu’il laissait derrière, penser à ce qu’il entreprenait ravivait chez lui une flamme toute juvénile et aventureuse. Citria était le berceau de la chevalerie, le théâtre de la grandeur de l’Hastanie, et il courait la chance d’en faire partie.