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 [BG] Llorelei Béatrix d'Amaya, Hastane

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Llorelei d'Amaya, Hastane

Llorelei d'Amaya, Hastane


Messages : 5
Date d'inscription : 03/05/2020
Localisation : France

[BG] Llorelei Béatrix d'Amaya, Hastane Empty
MessageSujet: [BG] Llorelei Béatrix d'Amaya, Hastane   [BG] Llorelei Béatrix d'Amaya, Hastane EmptySam 9 Mai - 10:49

- Mère Margault, racontez-moi une fois encore comment vous m’avez trouvée...

Un léger sourire voila le visage ridé par les ans de la Mère Supérieure. Elle comprenait le besoin qu’éprouvait la jeune fille agenouillée à ses pieds de renouer une dernière avec son histoire… et c’est pour cela qu’elle s’exécuta sans rechigner.

- C’était il y a maintenant 24 ans… La pluie battait contre la porte de notre couvent de Cylia… ta maison. C’était une nuit où l’on aurait même pas laissé un chien traîner dehors… Quand quelqu’un est venu tambouriner avec insistance à l’arrière-cuisine, j’ai d’abord cru à un gâte-sauce tête en l’air qui aurait laissé les battants farceurs se reclaquer derrière lui… Armée d’une louche dont je me servais à ce moment-là pour remuer le ragoût du dîner, j’accourus, déjà prête à la lui abattre sur le caillou… Et pourtant quand j’ouvris : personne. Je crus d'abord à une mauvaise blague, ou à un coup de tonnerre que mes oreilles auraient mal interprété… Mais au moment où j’allais reclaquer le battant, mes yeux se posèrent sur ce couffin en osier qu’on avait laissé là… Je compris immédiatement - ça n’était pas la première fois qu’on nous abandonnait un nourrisson, malheureusement…

La vieille femme marqua une pause, son regard songeur se perdant dans le feu de l’âtre. Ce court silence vit la jeune femme acquiescer en repensant à quelques unes des soeurs de son couvent, orphelines tout comme elle… Mais rapidement, la Mère Supérieure reprit :

- Ce qui me surprit c’est qu’aucun cri ne provenait de ce couffin. Par un temps pareil, n’importe quel enfant aurait éclaté en larmes, de froid et de terreur… Je me penchai donc pour écarter le linge qui te recouvrait et découvris un bébé silencieux, immobile, la peau blanche comme la neige… Mon cœur ne fit qu’un tour et j’approchai mes doigts de ton visage transi par la morsure du vent : “Priez Cylia que cette pauvre créature ne soit pas partie avec les anges... ” furent les quelques mots qui s’étranglèrent dans ma gorge. Mais à peine mes doigts entrèrent-ils en contact avec ta joue que tes yeux s’ouvrirent et me fixèrent. Je fus immédiatement transpercée par la sérénité qui y régnait, plus que par leur couleur améthyste que nous te jalousons toutes ici…

Un sourire orna le visage des deux femmes.

- Tu m’avais fichu une trouille pas croyable mais toi… tu étais le calme absolu. Comme aujourd’hui encore…
- Mais Mère… Il n’y avait donc rien sur mon couffin ? Une lettre ? Quelque chose ?
- Aucun pli, l’on se vante assez peu d’abandonner sa progéniture, tu sais… Cestes… Les seuls indices étaient les lettres brodées au fil d’argent sur le tissu qui te langeait : L. B. D. A.
- Llorelei Béatrix d’Amaya…
- Esta… du moins je choisis de te baptiser ainsi à cause d’elles… Mais en réalité, ni moi ni aucune des personnes qui ont enquêté sur ton abandon n’ont pu se mettre d’accord sur leur provenance. Pourtant, ces broderies au fil d’argent, la qualité du beau couffin dans lequel on t’avait mise et ce tissu chaud et doux n’étaient pas trompeurs quant à tes origines. Nul doute que tu viens d’une famille nantie… qui a dû tout mettre en oeuvre pour cacher cet acte odieux de l’abandon qu’ils t’ont imposé…

Llorelei baissa un instant ses yeux où flottaient un soupçon de tristesse et d’incompréhension. Elle avait porté pendant de longues années la honte et la culpabilité de cet abandon.

- Et ça ? dit-elle en saisissant entre ses doigts une mèche de ses cheveux argentés.
- Oh ça…

La Mère supérieure tendit une main parcheminée vers la tête de son élève, caressant la mèche tendue.

- Bien sûr, avec un physique aussi particulier que le tien, l’on pensait que ça nous faciliterait la tâche pour retrouver tes géniteurs… Ces yeux violets, ces cheveux blancs et brillants, cette peau diaphane…
- Vous en parlez avec tendresse et pourtant vous savez qu’ils ont été sujets à beaucoup de moqueries et de superstitions…
- De la jalousie ! balaya-t-elle d’un revers de main.

Une moue de protestation pinça les lèvres de Llorelei.

- Mais pour répondre à ta question, cestes, aucun de ces indices ne nous mit sur une piste. Alors après quelques semaines de recherches infructueuses, le couvent a décidé de te recueillir et de te faire bénéficier de son éducation…
- Grâce à vous…
- Eeeh… Esta. Il a fallu que je travaille Mère Allyce au corps pour obtenir cette faveur. Paix à son âme, elle comprit que je m’étais prise d’affection pour toi et que…
- Et que personne d’autre n’eût voulu recueillir dans son foyer une petite que tout le monde aurait pointé du…
- Et que j’avais de grands plans pour toi - l’interrompit-elle avec un froncement de sourcils.

Elle soupira, ramenant ses deux mains sur le chapelet qui lui ceignait la taille. Bien que le couvent n’eût jamais rien caché de ses origines (ou du peu qu’ils en savaient) à celle qu’elle avait prise sous son aile, il y avait peu de doute qu’elle était sûrement un enfant du pêché… Très tôt, elle l’avait dissuadée de faire des recherches sur son passé : elle était persuadée que la laisser partir en quête de chimériques origines lui eût causé plus de peine que de bien…

- Toutes ces années, Mère, vous vous êtes évertuée à m’éduquer dans les plus pures valeurs de la religion Hastane… Ma foi pour Cylia… Pour Kordaken… C’est à vous que je les dois…

À l’unisson elles égrainèrent : respect, honneur, générosité, loyauté, courage…

- Et traditionnalisme… ajouta la plus jeune.
- Et traditionnalisme.

Un sourire habilla à nouveau le visage de la Mère Margault. Avoir grandi dans ce contexte avait fait de Llorelei une enfant - et aujourd’hui une jeune femme - discrète et restant dans le rang. Éduquée très jeune à la lecture et à l'écriture, les religieuses s'efforcèrent d'abord de lui nourrir l'âme. Avant de s'attaquer au corps... En effet, grandir dans un couvent de Cylia lui permit également d'acquérir un tout autre type d'entraînement que celui des mots : celui de l'épée. Défendre le juste par la plume est une chose. Mais parfois (et les adorateurs de Cylia le savent mieux que quiconque), pour défendre les innocents, il est nécessaire de recourir à des méthodes moins douces... C'est donc aussi dans les valeurs de l'inflexibilité et de l'intransigeance que Llorelei avait été élevée, lui conférant un caractère plus dur et affirmé ces dernières années…

- Llorelei, tu as décidé de quitter le couvent pour poursuivre ta mission en dehors de nos murs… Et j’en suis très fière…
- Mère je… Je suis tellement désolée…
- Cestes ! Ne t’excuse pas… Nous en avons déjà parlé maintes fois… Laisse-moi juste profiter de ces derniers instants pour t’instiller encore quelques conseils…

Les yeux de la jeune fille étaient embués. Celle qui l’avait élevée savait que partir ainsi rappelait sans aucun doute le déchirement de l’abandon subi plus jeune. Elle lui avait avoué avoir le sentiment de lui infliger ce qu’elle avait tant reproché à ses parents… Mère Margault sourit malgré elle en repensant à ce souvenir qui montrait bien encore à quel point la naïveté pouvait l’habiter. Se confronter au monde réel la bousculerait sûrement, mais n’en ferait qu’une meilleure servante de Cylia.

- Dans ce couvent, tu es protégée. Tu t’es faite à ce moule. Tu es l’un de nos meilleurs éléments et tu le sais… Que ce soit derrière un écritoire ou dans l’arène, tu surpasses toutes les autres Sœurs… Et pourtant tu as su garder ton humilité… Rappelle-t-en bien : cette humilité va être ta plus précieuse alliée. Ici, ton calme et ta tempérante sont ta force. Mais dehors… C’est l’inconnu. Pour les les Hastanes de Citria, tu pourras sembler froide et sévère. Ou bien assez candide pour être roulée dans la farine… Ton intégration ne sera peut-être pas aisée et pourtant elle sera la clé d’une mission réussie. Reste fidèle à toi-même, mais sur tes gardes… Juste, toujours.
- Juste, toujours - répéta Llorelei.

Une soeur fit brusquement interruption dans le bureau de la Mère Supérieure, les faisant se retourner toutes deux.

- Mère Margault, Sœur Llorelei… Je suis désolée de vous interrompre mais… La monture est prête et n’attendra pas plus longtemps...

Comme sortie d’un rêve, Llorelei bondit prestement sur ses pieds. Son sourire enthousiaste se fana quand son regard croisa celui, ému, de la Mère Supérieure.

- Vous serez fière de moi, Mère… Citria a besoin de toute l'aide qu’on peut lui apporter pour aider à faire régner la justice du Zhel, n’est-ce pas ?

La vieille dame reconnut là les paroles qu’elle lui avait elle-même dites pour la convaincre de quitter le couvent et de prendre la route. Idéaliste, cet enfant l'était sûrement. Naïve ? Certainement. Bien qu'enrichie de bagages intellectuels et militaires forts, Llorelei avait surtout été éduquée à l'abri de tout ce que la grande ville a de plus laid. Était-elle donc aussi prête à l'affronter qu'elle osait l'espérer ? Seul l'avenir nous le dira...
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