Akaya Noshgar était l’apprentie de la Chamane Marik’ta, jusqu’à tout récemment... Souvent jugée pour ses idées « originales », elle faisait figure de mauvaise élève. Elle posait beaucoup trop de questions pour lesquelles les anciens n’avaient pas de réponse. Ses idées saugrenues à propos des relations naturelles entre les créatures vivantes obéissant à des principes qui dépassent la simple volonté d’Orgol, faisaient sourciller les anciens. Pour elle, le feu, l’eau, l’air, les bêtes, les plantes et la terre forment un tout indissociable, un équilibre mystique.
Avec son compagnon Kormak Uthgar, la jeune Gorlak avait réussi à fonder un nouveau clan au sein de la Tribu et elle était promise à un avenir glorieux, car les Chamans sont des conseillers respectés. Son compagnon était un bon partit, grand, fort et bon chasseur. Elle était fière de l’avoir à ses côtés. Enorgueillie par son succès, elle rêvait de prendre un jour la place de sa maitresse et croyait pouvoir la surpasser. C’était surement sa destinée, puisqu’elle elle était née sous la quatrième Lune, Solicia. Mais le destin se joua tout autrement.
Une peste inconnue décima le clan Uthgar et sa tribu. La peste était un mal si fulgurant, que les guérisseuses avaient dû veiller sans relâche au chevet des malades. Malgré leurs efforts, les jeunes et les vieux tombaient comme des mouches, se tordant de douleur, crachant leurs poumons et brûlant de fièvre. De violentes tensions éclatèrent au sein du clan, les uns et les autres s’accusant d’avoir attisé la colère d’Orgol. Les offrandes et les sacrifices restaient sans réponses, et même la Grande Chamane n’arrivait plus à voir l’avenir. C’était là, un bien mauvais présage...
Fourbue d’épuisement, elle avait eu une étrange vision au sujet du mal qui rongeait la tribu : une fumée violette s’infiltrait dans les narines, pourrissant l’intérieur des corps. Elle avait tenté de convaincre la Chamane de traiter les malades avec des fumées d’herbes guérisseuses, mais cette idée, jugée contraire aux fondements spirituels du Clan, fut une fois de plus rejetée du revers de la main. Tous périrent, excepté Kormak et Ayaka, qui s’étaient éloignés du Clan pour se soigner secrètement à la manière d’Akaya.
Ils furent bien forcés de quitter ce qui restait du village, désormais un site de sépultures creusées trop vites, envahi par les corbeaux. Après avoir surmonté cette épreuve difficile, elle et Kormak devinrent inséparables. Ils partirent explorer de nouveaux territoires. Kormak étant très habile à la chasse, elle s’occupait à utiliser chaque partie des bêtes qu’ils abattaient pour leur subsistance, en cuisinant leur chair, en tissant leur toison et en travaillant leur cuir. Mais après quelques mois, la vie solitaire privilégiée par son compagnon finit par lui peser. Depuis qu’ils vivaient en nomades sur la lande, ils n’avaient rencontré que peu de voyageurs. Ses connaissances durement acquises auprès de la Chamane ne lui servaient plus à grand-chose. La chaleur du clan lui manquait.
Aussi, son expérience lors de l’épidémie de peste lui fit prendre conscience de ses qualités de guérisseuse et de son intérêt pour les esprits et les phénomènes arcaniques et élémentaires qui régulent les forces naturelles. Même s’il lui fut bien difficile de convaincre Kormak de la suivre jusqu’à Luk’maar afin d’approfondir son art, c’est à regret qu’elle se résolut à quitter la quiétude de la toundra.
Sujet: [BG] Akaya Noshgar, Gorlak